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Réforme pénale : la carotte des socialos

dimanche, janvier 19th, 2014

Comme d’hab, on relaie. Merci l’envolée, merci papillon :

Le projet de loi relatif à la prévention de la récidive et à l’individualisation des peines

Voici un article paru dans le journal L’Envolée n°37, qui critique « la réforme Taubira », c’est-à-dire le « projet de loi sur la prévention de la récidive et l’individualisation des peines », présenté au conseil des ministres en octobre 2013, et qui sera examiné par l’assemblée nationale et le sénat à partir d’avril 2014.
Ce projet n’a rien de « laxiste », ni d’ »humaniste. Il ne rompt pas avec le tout carcéral et ne va pas vider les prisons. Dehors, dedans, à vie, dans la tête… Il perfectionne la machine carcérale.
Nous vous proposons ces informations et ce point de vue critique sur ce projet, à faire circuler partout où ça pourrait intéresser !

Contrairement à ce que balbutient timidement les associations, syndicats et autres organisations de gauche  : syndicat de la magistrature, LDH, Front de gauche et consorts, le président Hollande ne fait que tenir ses promesses électorales en matière judiciaire. Rappelons en quelques points les grandes lignes de son «  programme  »  : Créer 5 000 postes en cinq ans pour la justice, la police et la gendarmerie, permettre à un policier mis en examen de continuer à travailler – avec maintien de son salaire et de ses primes – en vertu de la présomption d’innocence, poursuivre la refonte des services de renseignement initiée par Sarko en Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) et SDIG (Information générale), supprimer les peines plancher appliquées depuis 2007 aux récidivistes et étendues en 2011 aux auteurs de certains délits de violences aggravées et exécution de toutes les peines prononcées, y compris par le biais d’alternatives à l’incarcération comme le bracelet électronique pour les courtes peines. Comme son prédécesseur, il avait prévenu avant sa victoire qu’il n’y aurait d’amnistie ni pour les prisonniers ni pour les délits routiers. Il avait aussi annoncé le doublement du nombre des centres éducatifs fermés pour les mineurs délinquants et promis le maintien de la rétention de sûreté – même si elle pose un problème juridique – pour «  ne pas relâcher dans la nature sans surveillance des gens considérés comme des malades  ». Le projet de construction de 24 000 places de prison supplémentaires montre bien que le gouvernement socialiste se tient à l’objectif de Sarkozy  : 80 000 places de prison en 2017. Un point de son programme est tout de même passé à la trappe  : celui qui prévoyait l’abrogation des dernières réformes sur la justice des mineurs, le retour aux tribunaux pour mineurs, l’atténuation de leur responsabilité et le primat de l’éducatif sur le répressif.
Droite ou gauche, il n’y a aucun changement, pas la moindre rupture avec la logique de l’enfermement, du tout-sécuritaire, du contrôle, de la surveillance et du fichage de masse. On ne peut se laisser abuser ni par les colloques consensuels sur les grands thèmes de la récidive ou du sens de la peine organisés par Taubira, ni par les cris d’orfraie de la droite et de l’extrême-droite dénonçant la politique laxiste d’un gouvernement qui voudrait vider les prisons et donner «  le feu vert aux voyous  ». Toute cette comédie ne suffit pas à masquer une continuité bien plus profonde  : la nécessité d’encadrer, de réprimer tous ceux qui sont progressivement éjectés de cette société fondée sur l’argent, la production.
La garde des sceaux ne s’en cache pas  : elle répond à ses détracteurs que son «  projet de loi sur la prévention de la récidive et l’individualisation des peines a pour seul but de rendre le suivi des délinquants plus efficace, et donc de mieux assurer la sécurité des Français  », et elle souligne «  d’emblée que la réforme pénale ne réduit ni l’arsenal de peines que les tribunaux peuvent prononcer (peines d’emprisonnement ferme, peines d’emprisonnement avec sursis ou sursis avec mise à l’épreuve, travail d’intérêt général, amendes, jours-amendes…), ni davantage le quantum de ces peines.  »
Sa réforme n’a d’autre but que d’ajouter une peine supplémentaire à l’arsenal punitif existant. Son effet sera de continuer à remplir les prisons tout en augmentant le nombre de personnes placées sous main de justice, sous la tutelle et le contrôle de l’État.
Quant au sketch qui oppose le méchant Valls à la gentille-Taubira-qui-a-les-mains-liées, avec ses grands sourires, c’est un autre numéro du même show, dans la grande tradition des interrogatoires bon flic-mauvais flic. Elle endosse un autre costume – l’uniforme de sa fonction – lorsqu’en catimini, loin des caméras, elle va féliciter les matons qui ont su réprimer un mouvement de prisonniers à Blois cet été ou consoler les syndicats pénitentiaires qui pleurnichent sur le manque de moyens après l’évasion de Redoine Faïd, ou encore inaugurer la prison ultrasécuritaire de Condé-sur-Sarthe…

ÉTAT DES LIEUX, QUELQUES CHIFFRES

Entre 2001 et 2013, la population sous écrou (prison, semi-liberté, bracelet électronique) a augmenté de 70 % (de 47 000 à 80 700). En 2000, il y avait 186 000 personnes sous main de justice contre 252 000 en 2013. Il y avait 3 personnes sous surveillance électronique en 2001, il y en a 11 475 aujourd’hui. La durée moyenne du placement sous écrou a augmenté régulièrement  : de 4,4 mois en 1975, 8,3 mois en 2007, 10 mois en 2010. Les peines supérieures à vingt ans ont doublé, passant de 1 252 en 2000 à 2 291 en 2011. Le pourcentage de libérations conditionnelles a baissé de 17,5 % en 2001 à 13 % en 2013. Les semi-libertés sont passées de 6 481 en 2001 à 4 889 en 2011 (chiffres officiels  : pourcentage par rapport au nombre moyen de condamnés). Chaque année, la France pulvérise son record de «  surpopulation carcérale  ».
S’il y a de plus en plus de prisonniers, c’est qu’il y a de plus en plus d’actes que le droit désigne comme des délits, et qu’ils sont punis plus lourdement. Ce qui était encore récemment passible de simples contraventions vaut aujourd’hui des peines de prison  : provocation à la rébellion, outrage, conduite en état d’ivresse, intrusion dans une école, racolage sur la voie publique, mendicité agressive, occupation de halls d’immeubles… Des peines de plus de sept ans sont de plus en plus souvent prononcées pour des délits. À délit égal, aujourd’hui, les peines sont plus longues, surtout avec les circonstances aggravantes  : récidive, association de malfaiteurs, bande organisée… Par contre, tout ce qui pouvait réduire le temps de la peine a quasiment disparu, les confusions de condamnations sont difficiles à obtenir, les sorties conditionnelles sont distribuées au compte-gouttes, les remises de peine annulées pour un oui, pour un non.
Comme il ne remet absolument pas en cause le système de l’enfermement, le pouvoir n’a qu’un problème  : comment gérer la multiplication et l’allongement des peines au moindre coût en évitant les remous à l’intérieur, sans renoncer à la sanction. Le tout récent projet de loi Taubira est le début de la mise en place d’un nouveau Code  : celui de l’exécution des peines. Pour rendre effectives toutes les refontes successives du Code pénal, il était nécessaire d’en prévoir les applications concrètes  : rien ne sert de condamner si la condamnation n’est pas effectuée. Il y aurait entre 80 000 et 100 000 peines en attente d’exécution, principalement des peines de moins de deux ans de prison  : des dossiers en attente de traitement, des décisions contradictoires des administrations, etc. Le programme est clair  : mettre de l’ordre dans tout ça, rendre effectives toutes les condamnations. Les 24 000 places de prison déjà prévues n’y suffiront pas, loin de là  ; d’où la nécessité de développer les nouvelles formes d’enfermement aussi efficaces que les murs  : la prison dehors.

PUNIR DEDANS ET PUNIR DEHORS

Taubira axe son projet de loi autour de la «  prévention de la récidive  ». Elle masque avec ses grandes déclarations lyriques les véritables causes sociales et économiques de la «  délinquance  ». En fait, comme l’écrit Hafed Benotman, «  La récidive n’existe pas, c’est un terme juridique. Quand un homme ou une femme a un problème, elle pense qu’en passant à l’acte elle va le régler. Elle se fait arrêter, elle va en prison. La prison ne règle pas le problème, donc la personne retrouve ce problème en sortant. On n’est pas dans une récidive mais dans une continuité. La prison aggrave leurs peines, donc leur problème.  » Pour la garde des sceaux, en revanche, aucun lien entre le taux d’incarcération et celui du chômage, de la précarité. Tout est fondé sur une appréciation toute relative de la sécurité, et rien sur la véritable insécurité  : celle ne pas pouvoir se loger, ne pas pouvoir se nourrir correctement, se soigner, se cultiver, se déplacer, etc. Les délinquants sont ceux qui dérangent l’ordre social et moral établi, et surtout pas ceux – petits militaires ou grands banquiers – qui exploitent, détournent, pillent et tuent pour assurer leur petit pouvoir et leurs grands profits. Pour Taubira, la «  délinquance  » n’a rien de politique, c’est une maladie qu’il convient de dépister et de traiter  : évaluation, punition, rémission. Il a fallu forger un nouveau concept psycho-fumeux  : la désistance, définie comme «  tout ce qui amène un homme à renoncer à la délinquance  », à se repentir, à se conformer. Il est donc prévu de mettre en place des structures privées ou publiques, dont le personnel devra calculer le taux de désistance du «  délinquant  » pour adapter la sanction à chaque cas.
Ce n’est pas par hasard si Taubira remet en avant le principe d’ «  individualisation de la peine  »  : dehors comme dedans, chacun est responsable de sa propre misère. Si l’on est chômeur, c’est parce qu’on est désadapté, si l’on est prisonnier, c’est parce qu’on est inadapté. Et pour s’en sortir, on doit avant tout compter sur soi-même, quitte à marcher sur les autres au passage  : c’est ainsi qu’on apprend à être le gestionnaire de son «  capital-vie  ». Si l’on a bien intégré les règles du jeu, on pourra espérer avoir une carrière  : un salaire, de l’avancement quand on est dehors, et des remises, des aménagements de peine quand on est dedans. Ces améliorations se calculent au mérite  : maître-mot de la logique entrepreneuriale adaptée à l’individu. Même enfermé, celui-ci doit se percevoir comme un élément valorisable. Dedans, le pouvoir d’appréciation est laissé en grande partie à l’exécution des peines, c’est-à-dire aux juges d’application des peines et à leurs staffs du service pénitentiaire d’insertion et de probation. Là encore, rien de nouveau, la notion de Plan d’exécution de peine date du gouvernement Jospin. Le projet reste le même  : donner une dimension économique au temps de détention, fut-il un temps infini…

LA CONFÉRENCE DE CONSENSUS SUR LA PRÉVENTION DE LA RÉCIDIVE

Taubira avait commencé par organiser un grand raout «  convivial, innovant  », «  prêt à faire un pari sur l’intelligence collective  ». S’y sont retrouvés magistrats, membres de l’administration pénitentiaire, élus, médecins, psychiatres, avocats, universitaires, juristes, fonctionnaires de police, anciens prisonniers passés à l’ennemi comme Yazid Kherfi… Mobilisation générale de tous les aspirants VRP susceptibles de devenir les communiquants de cette vaste supercherie  : «  la prison du XXIe siècle  ». Une répétition générale vide de sens, juste pour prendre la mesure des alliances que le pouvoir peut passer avec les acteurs – professionnels, concepteurs, penseurs autoproclamés… – du monde de la prison. Des prisonniers avaient été mis à contribution  : après avoir travaillé collectivement dans plusieurs établissements pénitentiaires, ils ont profité d’une permission exceptionnelle pour venir parler de leurs conditions de détention et de ce qu’il faudrait changer pour que ce soit un peu moins pire  : ils ont rappelé que la récidive commençait par la vie en détention et répété ce que les prisonniers exigent depuis le début des années 1970 sans jamais pouvoir l’obtenir durablement, concernant les parloirs (durée, espace, respect des familles), le rapprochement familial, la nécessité de multiplier les unités de vie familiale (UVF), la suppression des quartiers d’isolement et des quartiers disciplinaires, une réelle prise en compte de la parole des détenus, des peines moins longues… ils ont rappelé la nécessité de respecter le code du travail en prison, de faciliter les études et l’accès aux formations diplômantes pour ceux qui le désirent  ; et aussi de donner des remises de peine, des permissions de sortie et des conditionnelles. Ils ont été applaudis, et immédiatement oubliés. Aucune de leurs paroles n’est restée dans le projet de loi  : au contraire, les derniers témoignages que nous avons reçus révèlent un durcissement de l’ensemble des conditions de détention.

LES TROIS AXES DE LA LOI

1. La césure pénale. «  Sont supprimées les peines plancher [1] et les révocations de plein droit du sursis simple ou du sursis avec mise à l’épreuve. La peine encourue par les récidivistes demeurera doublée par rapport à celle encourue par les non-récidivistes, et le juge conservera la possibilité de prononcer la révocation des sursis antérieurs par décision motivée si la situation le justifie.  »
Il instaure ensuite la césure du procès pénal  : «  le tribunal pourra, après s’être prononcé sur la culpabilité (premier moment), ajourner la décision sur la condamnation afin qu’une enquête sur la personnalité et la situation sociale du condamné soit effectuée (deuxième moment). Le tribunal pourra ainsi statuer sur les dommages et intérêts des victimes dès le prononcé de la culpabilité et obtenir les éléments nécessaires pour déterminer la sanction la plus adéquate. Dans l’attente de cette enquête, il pourra placer en détention le condamné si cela est nécessaire.  »

Commentaires. Rien ne change, si ce n’est que la décision revient aux juges, comme si ces gens-là étaient connus pour leur laxisme… et puis le fait que la récidive double la peine revient à appliquer une peine plancher. Enfin, à l’américaine, il s’agit maintenant de privilégier le remboursement des parties civiles. Autant dire que si tu es étranger et sans le sou, tu continues à aller en prison sans passer par la case départ.

2. Il crée une nouvelle peine : la contrainte pénale. «  Cette peine pourra être prononcée lorsqu’un délit est puni d’une peine d’emprisonnement maximale inférieure ou égale à cinq ans. Cette nouvelle peine n’est pas définie par rapport à une durée d’emprisonnement de référence. Elle ne se substitue pas aux peines existantes mais s’y ajoute, de sorte que les juges disposeront d’un nouvel outil de répression. Cette peine vise à soumettre la personne condamnée, pendant une durée comprise entre six mois et cinq ans qui est fixée par la juridiction, à des obligations ou interdictions justifiées par sa personnalité, les circonstances de l’infraction ou la nécessité de protéger les intérêts de la ou des victimes, ainsi qu’à des mesures d’assistance et de contrôle et à un suivi adapté à sa personnalité.
Ces mesures, obligations et interdictions seront déterminées après évaluation de la personnalité de la personne condamnée par le service pénitentiaire d’insertion et de probation et par le juge de l’application des peines. Elles pourront être modifiées au cours de l’exécution de la peine au regard de l’évolution du condamné dont la situation sera réévaluée à intervalles réguliers et au moins une fois par an, par le service pénitentiaire d’insertion et de probation et le juge de l’application des peines.
En cas d’inobservation par la personne condamnée des mesures, obligations et interdictions qui lui sont imposées ou de nouvelle condamnation pour délit, le juge de l’application des peines pourra renforcer l’intensité du suivi ou compléter les obligations ou interdictions auxquelles le condamné est astreint.
Si nécessaire, le juge de l’application des peines pourra saisir un juge délégué, désigné par le président du tribunal, afin qu’il ordonne l’emprisonnement du condamné pour une durée qu’il fixera et qui ne pourra excéder la moitié de la durée de la peine de probation prononcée par le tribunal ni le maximum de la peine encourue. Cet emprisonnement pourra s’exécuter sous le régime de la semi-liberté, du placement à l’extérieur ou de la surveillance électronique. L’objectif est de prononcer une peine de milieu ouvert réellement contraignante, évolutive et adaptée à la personnalité de la personne condamnée.  »

Commentaires. La peine de tous les gens qui étaient en sursis – et n’avaient pas d’autres obligations que de ne pas commettre de nouveau délit – devait être trop clémente, puisqu’ils seront maintenant assujettis à des contraintes et des contrôles, avec toujours la prison pour horizon. La peine de probation pourra être supérieure au maximum de la peine encourue. Elle s’appliquera surtout à tous les gens qui commettent des délits tels que les délits routiers – souvent coutumiers de la récidive –, qui ont un travail et des revenus. Encore une fois, l’obligation principale, c’est de payer et de rembourser les parties civiles. Cahuzac a le profil du parfait condamné à la contrainte pénale…
On voit apparaître aussi le même fonctionnement que pour l’ensemble des peines intramuros  : évaluation de la personnalité, du mode de vie, des relations, des déplacements, des remboursements, du travail…
Enfin et surtout, le projet de loi insiste lourdement sur le fait que cette contrainte pénale est un nouvel outil dans la panoplie des condamnations, et qu’elle ne vient en aucun cas se substituer à une autre peine. Taubira est plus répressive que Dati qui prévoyait dans la loi pénitentiaire de 2009 que le juge pouvait aménager les peines de moins de deux ans. Sa remplaçante a durci le dispositif en réduisant cette peine à un an pour les primaires et six mois pour les récidives lorsque le juge ne choisit pas la contrainte pénale. ça va permettre aux institutions judiciaires de multiplier les condamnations et de mettre sous tutelle une partie bien plus importante de la population, modèle américain oblige. Le nouvel arsenal des mesures probatoires est en cours de développement  : obligations de soins, de travail, de suivis de stages en tout genre, interdictions de déplacements, de fréquentations, de lieux, etc.

3. Il instaure un nouveau dispositif pour éviter les sorties de prison sans contrôle ni suivi.
«  La réforme introduit le principe d’un examen systématique de la situation de tous les condamnés qui ont exécuté les 2/3 de leur peine.
S’agissant des longues peines (supérieures à cinq ans), la situation des condamnés sera obligatoirement examinée par le juge ou le tribunal de l’application des peines qui statuera après débat contradictoire sur l’octroi éventuel d’une libération conditionnelle.
S’agissant des courtes peines (inférieures à cinq ans), la situation des personnes condamnées sera examinée par le juge de l’application des peines en commission de l’application des peines. Il pourra prononcer une mesure de libération sous contrainte qui s’exécutera sous le régime de la semi-liberté, du placement sous surveillance électronique, du placement à l’extérieur, ou de la libération conditionnelle, ou bien refuser la mesure par une décision motivée si elle n’apparaît pas possible au regard de la personnalité du condamné.  »

Commentaires : Ce dispositif va permettre de perfectionner un fichage systématique, régulier et détaillé, basé sur les faits et gestes de l’ensemble des prisonniers pendant toute la durée de leur peine pour déterminer s’ils méritent un aménagement de peine, ou tout simplement des conditions de détention plus – ou moins – souples.
Cela augmente les périodes de sûreté, puisque jusque-là, les conditionnelles pour les primaires pouvaient être demandées dès la moitié de la peine  ; désormais tout le monde devra attendre les 2/3 de la peine pour solliciter un aménagement… Gros progrès  !

OUALOU POUR LES LONGUES PEINES

Digne héritière de Badinter qui avait remplacé la peine de mort par des peines jusqu’à la mort, Taubira a rapidement endossé un costume de fossoyeur. Non seulement elle ne remet absolument pas en cause la rétention de sûreté, mais elle n’imagine pas non plus transformer quoi que ce soit du code pénal pour réduire les temps de peine infligés par des tribunaux toujours plus sévères. Pourtant, lorsqu’elle était dans l’opposition, elle qualifiait de liberticides les lois qu’elle fait maintenant appliquer. Des peines infaisables  : combien de prisonniers y perdent la tête, ou la vie  ?

Tout ce qui est demandé aux prisonniers est mortifère  : accepter une peine infinie, se nier soi-même, tout subir – les violences, le mépris, les humiliations, l’absurde, l’absence de liens, le vide pour des dizaines d’années. Cela fait maintenant un an et demi que Taubira occupe le poste de garde des sceaux et la politique ministérielle d’aménagement des peines est plus que drastique  ; les mêmes conclusions arrivent de toutes les centrales  : impossible de sortir, même si l’on accepte de jouer le jeu – dangereux – du calcul et de la soumission imposé par l’administration pénitentiaire. La seule solution envisagée, c’est la construction de ces foutues centrales ultrasécuritaires où ils prévoient d’enfermer tous ceux qui leur posent problème. Jusqu’à ce qu’un accident survienne…
Rien de toutes les revendications portées par les différents mouvements de prisonniers, rien sur les QI, les QD, les transferts, les parloirs… tout ce qui fait le quotidien des prisonniers enfermés dans des mouroirs.
Taubira partisane de moins de prison ? Elle devrait se réjouir quand un prisonnier lassé du rejet répétitif de ses demandes de conditionnelle finit par se l’octroyer lui-même – au risque de sa vie – en décidant de ne pas rentrer d’une permission  ! Taubira la gentille devrait s’apitoyer sur les passages à tabac de prisonniers qui ont osé protesté contre l’absence d’aménagements de peine. Les mains liées  ? Elle pourrait au moins répondre aux courriers que lui adressent ceux qui sont condamnés à mourir à petit feu dans les prisons qu’elle a sous sa responsabilité.

NB : vous pouvez recevoir ce texte au format PDF, si vous désirez l’imprimer et le diffuser autour de vous.

L’envolée
43 rue de Stalingrad
93100 Montreuil

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contact (arobase) lenvolee.net

[1] une loi votée sous Dati établissait des peines minimum en cas de récidive, mais les juges conservaient leur pouvoir de décision

Good news!

mardi, novembre 12th, 2013

La bonne nouvelle de la saison pour les inculpées de Labège, c’est qu’une nouvelle juge d’instruction a repris le dossier, suite à la mutation de Didier SUC, et qu’en un entretien avec deux des cinq mises en examen, elle a décidé de clore cette enquête ouverte en juillet 2011 sur l’action menée contre la PJJ à Toulouse!

Nous attendons donc le délai légal pendant lequel le procureur fait ses réquistions pour un éventuel procès, et d’ici un peu plus de deux mois cette instruction sera bel et bien close.

C’est avec un certain plaisir que nous vous communiquerons plus de détails sur les réquisitions et la suite de tout ça!!

Merci de suivre encore cette histoire, des bisous, et à bientôt…

[Un peu partout] Récentes mutineries dans les prisons de fRance

vendredi, août 23rd, 2013

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Brève mutinerie à la prison de Bourg-en-Bresse

Reuters, 01/08/2013 à 20:25

LYON (Reuters) – Une mutinerie a éclaté jeudi en milieu d’après-midi à la prison de Bourg-en-Bresse (Ain), où une trentaine de détenus ont refusé de regagner leurs cellules, jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre, a-t-on appris de source syndicale.

Les détenus se sont retranchés peu après 16h00 dans une aile de bâtiment où ils ont dégradé du matériel.

« Ils ont détruit des lumières, inondé la coursive, détruit les caméras de surveillance et placé le mobilier des cellules dans les coursives afin d’entraver la circulation », a dit Stéphane Pieltant, du syndicat de surveillants UFAP.

Un litige avec un moniteur de sport serait à l’origine des débordements, a-t-il précisé.

Les équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) sont intervenues vers 19h00 pour rétablir l’ordre.

Le centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse, construit en 2010, compte 700 places. Il n’est occupé qu’à 90% contrairement à beaucoup d’autres prisons qui connaissent des problèmes de surpopulation.

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Ain : la mutinerie à la prison de Bourg-en-Bresse est terminée

Le Parisien, 01.08.2013, 19h22

Une vingtaine de détenus se sont rebellés ce jeudi aux alentours de 16 heures à la prison de Bourg-en-Bresse (Ain). Retranchés dans l’aile de la maison d’arrêt, ils ont détruit des luminaires, des canalisations d’eau mais aussi le système de vidéosurveillance. Avant d’être maîtrisés trois heures plus tard.

Il n’y a pas eu de violence pendant cette « mutinerie », mais des échanges d’insultes avec les gardiens.

Un des personnels du centre pénitentiaire, joint par LeParisien.fr, avait annoncé l’intervention des forces de l’ERIS, les équipes régionales d’intervention et de sécurité. Selon cette même source, les détenus se sont révoltés parce qu’ils se sont vus refuser de pouvoir porter un short pour aller faire du sport. Malgré les fortes chaleurs, le port du short serait interdit par le règlement.

Du côté de la préfecture, on indiquait que la mutinerie était « partie d’une bricole » et concernait « une poignée de détenus qui ont été contenus dans un quartier du centre pénitentiaire ».

Une membre du personnel administratif de la prison, travaillant dans des locaux annexes, a signalé au Parisien.fr que ce genre de mutinerie était en effet un « incident ordinaire », et que le système d’alarme n’avait pas été déclenché, preuve que les débordements ne seraient pas de grande ampleur.

Le centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse a été construit il y a trois ans, et dispose de 700 places.

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Précisions sur la mutinerie au centre de détention de Bourg en Bresse le 1er aout

Indy Paris, jeudi 15 août 2013

D’après des infos données par des prisonniers de la prison de Bourg en Bresse

- Il y a eu plusieurs choses qui ont fait que c’est parti, des gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase et un ras le bol général.

Il y a un juge, le juge d’application des peines, tout le monde s’en plaint depuis des mois. Le juge SANTOURIAN. ( Il a aussi des collègues, médames PERRIN et BERTETTOT). Il n’accorde jamais ni aménagement de peines ni conditionnelle, ni permission de sortie. Il y a environ deux mois il y a une pétition signée par pas mal de détenus qui a été remise à la direction par rapport à ça.

Il y a un détenu qui a pris la haine parce que ce jour là sa permission de sortie a été refusée. Comme elles le sont régulièrement pour d’autres. Par exemple, il y a un détenu qui devait sortir dans un mois, et lors de sa dernière permission il est arrivé en retard. L’administration pénitentiaire a décidé, avec le juge, sans même le faire passer en commission disciplinaire, de retarder d’un mois supplémentaire sa date de sortie. Comme ça. Autre exemple, dans les journaux ils ont parlé au printemps d’un prisonnier de bourg qui a pris 6 mois fermes parce qu’il avait menacé de prendre en otage sa SPIP, Madame GBA DAMASSI qui ne foutait rien et bloquait ses possibilités de sortie. Les nerfs contre elle il a menacé de la prendre en otage, en demandant s’il fallait aller jusque là pour qu’elle se bouge. Il est passé en jugement au tribunal pour ça et il a pris 6 mois supplémentaires.

Bref, plein de gens sont remontés contre les services sociaux et les juges qui les laissent croupir ici à des moments où il y aurait des possibilités de sortie.

Et ce jour là encore en plus il y a eu cette histoire. La surveillante monitrice de sport, une vraie teigne, elle se fait appeler DIAMS son prénom c’est Marine. Elle cherche toujours les problèmes avec les détenus, personne peut la voir. Pourtant elle s’est déjà fait éclater par un prisonnier là où elle était avant. Elle vient chercher des détenus pour partir au sport, et refuse qu’on sorte avec nos short, malgré la chaleur étouffante qu’il a fait. C’était la goutte de trop, et ça a été le bordel dans l’étage.

Il y a eu des graffitis et des tags sur les murs, avec le nom du juge et l’inscription « hitler » à côté. Il y avait aussi le nom d’une surveillante. Des machines à laver ont été arrachées ce qui a provoqué des inondations jusqu’à l’étage du dessous. Des caméras de vidéo surveillance ont été détruite, des lampes arrachées… il y a eu pas mal de casse.

Puis ils ont fait intervenir les ERIS Il y a plusieurs personnes qui ont été mises au mitard, mais ils sont ressortis deux jours après. Trois personnes qui ont été transférés.

Là ils n’ont toujours pas fini de tout réparer. On a entendu dire qu’il y avait eu un blocage en solidarité à la maison d’arrêt de la Talaudière, ça fait plaisir.

……………….détruisons toutes les prisons

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Mutinerie à la maison d’arrêt de Blois, 60 détenus saccagent la prison

RTL, le 19/08/2013 à 13h59

Une mutinerie a eu lieu à la maison d’arrêt de Blois. Soixante détenus ont saccagé la prison.

Une mutinerie était en cours lundi 19 août à la mi-journée à la maison d’arrêt de Blois, où une soixantaine de détenus saccageaient un secteur de la prison. La cause : la découverte d’un détenu mort le matin même, selon le secrétaire national FO-Pénitentiaire, David Daems. « En ce moment même, environ 60 détenus sont dans les étages de la prison et commettent des actes de vandalisme en saccageant les équipements », a déclaré cette personne.

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Mutinerie de Blois : la sécurité de la prison est « précaire », selon un syndicaliste

RTL, 19/08/2013 à 20h21

TÉMOIGNAGE – « La situation est sous contrôle » à Blois, après la mutinerie qui a eu lieu à la maison d’arrêt lundi 19 août, selon un syndicaliste. Il pointe toutefois la surpopulation carcérale et demande des transferts de détenus.

Une soixantaine de détenus ont saccagé une partie de la maison d’arrêt de Blois, au cours d’une mutinerie finalement maîtrisée. Selon David Daems, secrétaire national de FO-Pénitentiaire, qui témoigne au micro de RTL, « la situation est sous contrôle ». Les détenus en colère ont cependant causé d’importants dégâts. « Bon nombre de cellules ont été forcées, leurs serrures ont été également détériorées, explique le syndicaliste. Ils se sont aussi attaqués à certains postes de sécurité pour en prendre le contrôle. Fort heureusement, tous les points de sécurité ont été préservés, mais les dégâts matériels sont quand même assez importants ».

La sécurité de la prison en péril

Selon le responsable syndical, « l’aspect sécuritaire [de la maison d’arrêt] est précaire » en raison de ces dégâts. Maintenir le taux d’occupation actuel de la structure est à son sens « une chose insensée ». « Donc on attend les décisions de notre administration quant à d’éventuels transferts de détenus pour vider un peu la structure et pour pouvoir fonctionner dans un optimum de sécurité », conclut David Daems.

La mutinerie avait éclaté après la promenade, vers 10h30. Un prisonnier avait été retrouvé mort dans sa cellule. Les médecins ont diagnostiqué une rupture d’anévrisme, ce que les détenus n’ont pas cru être vrai.

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Flambée de violence à la prison de Blois

(extrait)
Europe1, 19 août 2013 à 20h46

L’INFO. La mutinerie a duré plus de trois heures lundi à la maison d’arrêt de Blois, dans le Loir-et-Cher. Une soixantaine de détenus ont saccagé un secteur de la prison. Ils ont finalement été maîtrisés et reconduits dans leurs cellules.

Une contestation spontanée. Le mouvement de protestation a éclaté après la promenade, vers 10h30, pour un motif qui reste à déterminer. « Les détenus ont d’abord refusé de remonter de promenade, puis ils sont entrés en force et ont investi un secteur de la prison, qu’ils ont saccagé », a expliqué le secrétaire national de FO-Pénitentaire, David Daems. Selon les informations d’Europe 1, un détenu battu à coups de barres de fer a été gravement blessé. Il a été transporté à l’hôpital.

Des détenus ont quitté leur cellule. Au cours des troubles, des matelas ont été enflammés dans le local qui sert de gymnase et des portes ont été enfoncées. « Les gens n’étaient plus sous contrôle », a expliqué Maryse Moracchini, la secrétaire générale de la préfecture du Loir-et-Cher. « Certains ont pu réussir de leur cellule et des détenus ont franchi la zone de détention pour se retrouver dans la partie administrative [vitres brisées et début d’inondation], où les conditions de sécurité ne sont plus les même », a-t-elle poursuivi au micro d’Europe 1.

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Après l’émeute, la prison va devoir panser ses plaies

La Nlle République, 20/08/2013 05:38

La maison d’arrêt a été saccagée hier par une mutinerie d’une soixantaine de détenus. La moitié a été transférée hier soir. Les dégâts sont considérables.

La mutinerie qui s’est produite hier à la prison de Blois n’a pas de précédent dans l’histoire locale. Elle est symptomatique d’une évolution des populations carcérales où figurent désormais davantage de condamnés à des peines longues et dont les perspectives de réinsertion sont plus aléatoires.

L’affaire a causé une vive émotion dans le quartier des Provinces où un dispositif de sécurité a été maintenu toute la journée. De multiples allées et venues en fin de journée témoignaient de l’effervescence crée par le transfert de trente-cinq détenus impliqués dans les événements du matin.

L’opération a été réalisée à bord de véhicules cellulaires de l’administration pénitentiaire. Leur destination n’a pas été précisée, mais la procureure de la République Dominique Puechmaille avait indiqué peu de temps auparavant qu’ils seraient répartis entre plusieurs établissements de la région, et que des poursuites seraient engagées contre ceux qui seraient convaincus d’être les meneurs.

Un représentant du syndicat FO, majoritaire dans le personnel pénitentiaire, estimait hier soir que les conditions d’un fonctionnement normal de la maison d’arrêts de Blois n’étaient plus réunies. « Nous allons réclamer le transfert de la totalité des détenus. C’est une mesure indispensable pour eux comme pour les surveillants qui ne sont pas en mesure de remplir leurs missions dans des locaux aussi dégradés. »

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Prison : deuxième tentative de mutinerie en deux jours à Châteaudun

Le Parisien, 21.08.2013, 19h54

Nouveau coup de chaud à la prison de Châteaudun (Eure-et-Loir). Une trentaine de détenus de ce centre de détention ont refusé de réintégrer leur cellule ce mercredi après-midi à l’issue de leur promenade, provoquant des incidents. Les agitateurs, qui ont tenté à plusieurs reprises de sauter un grillage -et l’ont partiellement endommagé- pour atteindre le chemin de ronde ont pu être circonscrits à l’intérieur d’une cour de promenade.

Ils ont été repoussés à l’aide de flashballs, balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement par les équipes régionales d’intervention et de sécurité (Eris), qui étaient présentes du fait de précédents incidents la veille. Des renforts venus de Paris et de Dijon (Côte-d’Or) ont néanmoins été nécessaires pour ramener le calme dans cette prison qui accueille environ 590 détenus.

« Les incidents ont duré de 15h30 à 18h40 environ, mais sans les renforts, la situation aurait été beaucoup plus compliquée, témoigne un surveillant pénitentiaire. Il a fallu faire évacuer les intervenants extérieurs présents dans la zone. On ne sait pas quel est le motif de ce mouvement, et si d’ailleurs il y en a un… »

Une vingtaine de détenus devaient être transférés dans la soirée dans d’autres établissements afin d’éviter tout nouveau mouvement.

Mardi déjà, une mutinerie a été maîtrisée en milieu de journée à Châteaudun, après qu’une vingtaine de détenus a tenté d’incendier un poste sécurisé commandant le système informatique du centre de détention. Elle faisait elle-même suite à de violents incidents à la maison d’arrêt de Blois (Loir-et-Cher), lundi, qui a été partiellement saccagée par une soixantaine de détenus après la mort -qu’ils jugeaient suspecte – d’un des leurs le matin même.

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Seconde mutinerie, en 2 jours, à la prison de Châteaudun (28)

France3 Centre, 21/08/2013 | 18:31

A 15 heures, pendant l’heure de promenade, 36 détenus ont tenté d’investir la zone neutre (sans cellules) de la Maison d’arrêt de Châteaudun. De source syndicale, ces affrontements étaient plus violents que ceux qui s’étaient déjà déroulés mardi.

Les détenus étaient en cours de réintégration de leur cellule peu avant 19 heures. Une dizaine de véhicules de l’ERIS, l’équipe régionale d’intervention et de sécurité, des agents pénitentiaires entraînés par le GIGN, étaient arrivés dans l’après-midi à la Maison d’arrêt.

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Début de mutinerie à la prison de Bois-d’Arcy, dans les Yvelines

AFP, 22/08/2013 à 17:43

Début de mutinerie à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, dans les Yvelines. Une vingtaine de détenus ont refusé ce jeudi 22 août au matin de regagner leurs cellules, se plaignant du manque d’efficacité des équipes médicales de la prison.

La rébellion n’a duré qu’environ 3h30, mais elle est symbolique du climat actuel des prisons françaises, en tension depuis le début de la semaine, après des évènements survenus lundi, mardi et mercredi. Une soixantaine de détenus ont saccagé lundi un secteur de la maison d’arrêt de Blois, à la suite de la découverte d’un détenu mort le matin même. Mardi et mercredi, deux tentatives de mutinerie, impliquant une vingtaine de personnes, ont eu lieu au centre pénitentiaire de Châteaudun (Eure-et-Loir).

Cette fois-ci, c’est un malaise qui aurait, selon les prisonniers, déclenché « l’insurrection », vers 10h. Alors que 22 détenus se trouvaient en salle de sport, les prisonniers ont « prétexté qu’un des leurs avait un malaise et se sont plaints du fait que les équipes médicales mettaient trop de temps à intervenir« , a indiqué le délégué général de FO Pénitentiaire, Jérôme Nobécourt. « Ils ont refusé de réintégrer leurs cellules, malgré plusieurs négociations avec des responsables de la prison », a ajouté une autre source syndicale.

Les équipes régionales de sécurité (Eris) sont intervenues et tout est rentré dans l’ordre vers 13h30. « Il n’y a eu aucun blessé et les dégradations sont minimes », a souligné la seconde source syndicale. Un détenu récalcitrant a été conduit au quartier disciplinaire.

[Italie] Appel de la coordination des détenues

jeudi, août 22nd, 2013

Eté 2013 dans les taules italiennes

Voici un communiqué de la « Coordination des détenus » née dans les taules de Parme, Italie, au mois de mai 2013. C’est un appel à mobilisation internationale du 10 septembre au 30 septembre, pour faire du bruit dans et hors des prisons. Merci de faire passer l’information où cela vous semblera nécessaire.

 

La « coordination des détenus », née de manière spontanée la veille de la manifestation nationale (anti-carcérale, ndt) à Parme le 25 mai 2013, veut porter en avant une mobilisation contre les conditions inhumaines et toutes les barbaries du système pénitentiaire italien.
La date du 25 mai été un épisode important pour nos luttes, à l’intérieur comme à l’extérieur de ces murs et a amené une prise de conscience ; les nombreux témoignages de solidarité ont réchauffé nos cœurs et ont porté la nécessité de ne plus rester indifférent face à une situation intolérable, pour laquelle des organisations internationales ont déjà condamné notre pays.
En même temps que la grève de Parme, des détenus ont entrepris diverses formes de protestation comme la grève de la faim, le refus de consommer la nourriture distribuée par la prison, des pétitions, des « battitura » (du bruit répétitif sur les barreaux des cellules), mais les difficultés de communication ont empêché une plus large adhésion.
Ceci ne nous décourage pas. Au contraire ça nous stimule à mieux faire et à s’y engager davantage, parce que nous savons aujourd’hui plus que jamais que seule la lutte paye…

Nous avons décidé d’appeler à une mobilisation nationale pour le mois de
septembre qui commencera le 10 et finira le 30 septembre. Notre intention est de faire entendre notre voix et protester contre la situation explosive des prisons italiennes avec une surpopulation intolérable, avec des détenus entassés dans des cellules infâmes, dans des conditions hygiéniques quotidienne à la limite de la décence, dans lesquelles on subit la spéculation sur les prix des marchandises, l’exploitation véritable des détenus « lavoranti » (travailleurs), des traitements inhumains de toutes sortes, des abus en tous genres et beaucoup, beaucoup d’autres choses encore.
Nous devons aussi protester contre toutes les formes de tortures légalisées que subissent les « internés » des régimes 41 bis et 14 bis (sorte de Quartier Haute Sécurité ou Quartier d’Isolement ) et de haute surveillance qui sont quotidiennement assassinés psychologiquement et physiquement. Nous demandons l’abolition de ces instruments digne de la pire dictature et l’abolition de la loi Cinelli (réforme sécuritaire de 2012 de l’administration pénitentiaire, renforçant le pouvoir de celle-ci dans la pleine gestion de ce qu’il se déroule dans les prisons, ndt).
Il est important de préciser qu’avec cette forme de protestation, nous ne
demandons pas des réductions ou des aménagements de peines ; s’ils arrivent, ils serviront à amoindrir la souffrance de quelques détenus et à faire éviter à l’Italie de payer les amendes salées de l’union Européenne. Nous demandons des interventions concrètes, qui visent au respect des droits naturels de l’être humain et de l’article 27 de la Constitution (responsabilité pénale du détenus, devoirs de l’administration pénitentiaire, présomption d’innocence devant la justice et droits de l’Homme en prison, abolition de la peine de mort, ndt).
Pour la réussite de cette mobilisation, nous invitons tous les frères et sœurs détenus à adhérer à la grève, et à s’engager du 10 au 18 septembre dans une grève de la faim et du 18 au 30 septembre à des formes de protestation qu’ils organiseront et retiendront les plus adéquates. (Nous conseillons dans les même temps l’écriture de communiqué et de pétitions, ndt).
En parallèle, nous appelons à tous les mouvements dehors, aux simples citoyens, aux familles de détenus, aux organisations -politiques ou non-, d’être notre voix à l’extérieur de ces murs, de soutenir nos revendications, de créer un réseau solidaire, d’informer le plus de personnes possible, diffusé le plus possible ce communiqué et les informations relatives à la protestation, de décider des formes de lutte à l’extérieur des prisons et d’organiser une manifestation nationale.

Le premier pas pour briser ces chaines c’est rompre le mur de l’indifférence. La solidarité est une arme, utilisons-la.

La « coordination des détenus »

P.-S.

Pour les italophones, voici des sites d’infos qui relaient et relaieront :
www.informa-azione.info
http://cordatesa.noblogs.org/
http://www.autprol.org/olga/

On invite aussi celles et ceux qui le sont capables de traduire/diffuser du matériel écrit afin de ne pas confiner cette mobilisation dans des frontières nationales.

[Bourg-en-Bresse] Mouvement de protestation des prisonniers

lundi, août 12th, 2013

Divers médias rapportent que le jeudi 1er août, de 20 à 30 prisonniers du centre de détention de Bourg-En-Bresse se seraient retranchés dans une aile du bâtiment et auraient détruit du mobilier, des appareils de vidéo-surveillance, etc. Comme la plupart du temps, les syndicats, la préfecture et l’administration pénitentiaire ont eu le monopole de la parole dans les médias.
Selon eux, le motif de cette révolte serait l’interdiction du port du short en sport, malgré les fortes chaleurs. « Une bricole » selon la préfecture, un « malentendu » selon des surveillants. Europe 1 rapporte vite fait cependant que « les détenus protestaient essentiellement contre les décisions d’un juge d’application des peines, qu’ils estiment trop « sévère » ou « restrictif « . » D’autres sources affirment que le climat était tendu dans la prison depuis quelques jours.

Evidemment, les autorités tentent de minimiser les raisons de la révolte et sa portée. Ce que nous savons, c’est qu’il y a de nombreuses raisons d’être à bout de nerf en détention. Souvent, les motifs de colère s’accumulent et un jour, une goutte d’eau fait déborder le vase. Ce que nous savons, c’est qu’au CD de Bourg-En-Bresse, comme dans toutes les prisons, l’enfermement est insupportable au quotidien, et que les surveillants et l’administration peuvent user de leur pouvoir pour vous pourrir la vie. Un prisonnier de Bourg-En-Bresse le racontait déjà en mars sur divers sites internet. Voir par exemple : http://rebellyon.info/recit d-un-prisonnier-du-centre-de.html).

Nous pensons qu’il serait très important de rendre publique la version de prisonniers protestataires eux-mêmes.

Ce que nous savons aussi, c’est que toute protestation est difficile et risquée en prison, la répression est extrêmement sévère. Suite à ce mouvement à Bourg-En-Bresse, un représentant syndical déclare que quatre prisonniers ont été placés au mitard (quartier disciplinaire) et que d’autres devraient être transférés.

Alors… Nous saluons cette révolte même si nous n’en savons pas grand chose. Nous envoyons un message de solidarité aux prisonniers concernés, en espérant que ce message leur parviendra. Et pour ne pas se contenter de ce message, nous proposons que toute personne ayant des infos provenant des
prisonniers eux-mêmes les relaient. Et que ceux-ci puissent écrire pour raconter ce qu’il s’est passé, ce qu’il se passe, et trouver un peu de soutien, ne pas rester seuls face à la vengeance de l’AP et des surveillants… Faites tourner ce message !

Que s’est-il passé pendant cette mutinerie ? Pourquoi ? Comment ? Qu’est-il arrivé aux prisonniers réprimés et comment les soutenir ?

Vous pouvez écrire à :

Papillon
chez CSA
16 rue du mont
42 100 Saint-Etienne
emissionpapillon@riseup.net

L’Envolée
43 rue de stalingrad
93 100 Montreuil
contact@lenvolee.net

[CD de Neuvic] Communiqué et appel à solidarité des prisonniers à l’isolement

jeudi, juillet 4th, 2013

Voici un communiqué sorti du centre de détention de Neuvic, par des prisonniers qui y sont en isolement. Malgré les conditions difficiles auxquelles ils font face, ils sont solidaires, et restent en lutte au quotidien face à l’administration pénitentiaire (AP). Ils souhaitent que ces informations circulent, et appellent à la solidarité à l’extérieur.

Centre de détention de Neuvic ( Dordogne)

Nous sommes 4 actuellement à l’isolement, tous ici pour les mêmes raisons : demande de transfert pour rapprochement familial.
Le motif de cet isolement est sécuritaire, c’est l’excuse de l’AP pour nous isoler du reste de la détention, les prétextes trouvés sont les suivants ; avoir bouché un œilleton, avoir insulté un maton, refus de rentrer en cellule ou tout simplement grande gueule.
A l’isolement les surveillants sont en toute puissance, pour un rien un rapport tombe, tu as tapé dans la porte : rapport, tu as parlé avec un autre détenu : rapport, tu râles : rapport, etc, etc…
Pour bien nous faire comprendre que nous ne sommes rien et que eux sont tout ils n’hésitent pas à utiliser la force physique, des menaces, ils détournent le courrier des cantines pour qu’on en ait pas, nous privent de téléphone, de sport ou de promenade à leur guise.
Ils justifient que le mercredi, jour du prétoire on ne peut pas sortir de cellule parce que l’on pourrait croiser d’autres détenus en détention.
Le lundi c’est la réunion avec la direction, donc pas de chef ou de gradés aux isolés, ce qui inclut qu’il n’y a aucun mouvement aux isolés. Si l’un de nous est au sport ou à la douche, les autres ne peuvent pas sortir de cellule, justement pour aller à la douche, ou au sport ou au téléphone.
Des fois on appelle les surveillants pendant des heures et pour seule réponse on a le droit « on peut pas ouvrir seul la cellule question sécurité, alors vous attendez qu’on soit plus nombreux »et cette réponse est dite d’une façon très agressive et parfois même insultante ( tu vas la fermer ta putain de gueule sale merde ? )
L’agression des surveillants sur les détenus est routinière et surtout pour nous aux isolés et au mitard, si tu râles c’est intervention des robocops, qui te demandent de te coucher sur ton lit, sur le ventre et les mains dans le dos, la tête tournée vers le mur, si tu refuses ils referment la porte et reviennent pas de la journée, ils te donnent pas ton repas et te collent un nouveau rapport, histoire de prolonger ton mitard ou t’envoyer à l’isolement.
Aussi parfois si on se rebelle, ils nous punissent en bloquant le téléphone ce qui nous permet plus de téléphoner, et ça peut durer plusieurs jours de suite.
Certains détenus aux isolés sont là depuis 2 ans alors qu’ils sont à 800 kilomètres de chez eux et réclament leur transfert.
Le directeur Monsieur Laurent ne transmet pas les dossiers de demande de transfert des isolés et sûrement d’autres, mais ça nous on peut pas le savoir en étant isolés du reste de la détention.
Il n’y a pas un jour où il n’y a pas d’altercation avec un ou plusieurs surveillants. Pour les parloirs c’est pareil, on a toujours des soucis, fouilles avant d’y aller, et la tentative de nous mettre en hygiaphone, alors que les hygiaphones n’existent plus, sauf pour des raisons exceptionnelles dont nous ne faisons pas partie.
Aussi les parloirs commencent régulièrement 10 minutes après le début et on vient nous chercher 10 minutes avant la fin.
Dans les cellules il nous est interdit de faire à manger, pas de plaque chauffante, pas de chauffe à l’huile sous peine de rapport, on est obligés de manger la bouffe dégueulasse de Sodexo, nous perdons tous du poids à vitesse grand V. On a fait une demande pour avoir du pain en plus, ce qui nous a été refusé, malgré nos demandes réitérées, on a essuyé que des retours négatifs.
On a pas de fenêtres dans les cellules, ce qui nous est fort désagréable, on ne peut jamais voir l’extérieur, on regarde que des murs chaque jour, le seul moment où on peut voir le ciel c’est lorsqu’on nous conduit au parloir.
Mais ça dure le temps de traverser un couloir, quelques secondes.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, nous réclamons nos transferts, mais aussi la fermeture du quartier d’isolement / quartier disciplinaire / quartier strict régime fermé, la démission de l’ensemble de la direction. Pour cela il nous faut un soutien massif de l’extérieur pour rendre public et créer un rapport de force. Nous, nous restons en lutte malgré les coups portés par les porcs de la pénitentiaire, pour qu’enfin on danse sur les ruines de cette porcherie.

Nous vous espérons nombreux et actifs afin de briser la répression carcérale.

Des détenus du quartier d’isolement de Neuvic sur l’Isle.

Indy Nantes

[MAF de Seysses] Sur la situation des détenues

jeudi, juillet 4th, 2013

Retour sur la situation à la Maison d’Arrêt pour Femmes de Seysses depuis le 10 mai 2013, date à laquelle une première lettre faisant état des mauvais traitements infligés aux détenues a été envoyée à la radio Canal sud.

Tout d’abord, un petit point sur la Maison d’Arrêt de Toulouse Seysses, afin de situer un peu de quoi on parle.
Mise en service en 2003, elle est dépeinte comme l’avant garde de la nouvelle politique d’enfermement, sécurité renforcée et organisation au millimètre près. Avec une capacité de 596 détenu.e.s, réparti.e.s en deux quartiers hommes, un quartier femmes, un pour les nouveaux arrivants, un SMPR (service médico-psychologique régional), un quartier disciplinaire, un quartier d’isolement et un espace « d’activités » où les détenu.e.s peuvent travailler, faire du sport et aller à la messe. Tous les quartiers, excepté celui des femmes, sont équipés de grilles, en plus des barreaux.
Au mois de mars de cette année, la Ligue des Droits de l’Homme avait fait un rapport plutot »accablant » selon leur termes sur cette prison, qui malheureusement ressemble à toutes les autres. France3 s’en indigne ici
Au début du mois de mai, les émissions anti-carcérales Yoyo et Bruits de Tôles, de la radio libre ou mourir, Canal Sud, recevaient un courrier d’une détenue de la MAF, tirant la sonnette d’alarme et poussant un coup de gueulante.
Nous reproduisons ici ces lettres. Un appel à mobilisation est fait, nous ferons suivre ici les nouvelles.

La première lettre

Seysses, le 10 mai 2013

Incarcérée à la prison de Seysses, quartier femmes, je souhaiterais alerter l’opinion publique sur les conditions de détention qui nous sont infligées. Des exemples concrets de propos diffamatoires, méprisants, condescendants tenus par les surveillantes sont légion. Nous avons alors tenté de prévenir la direction mais il semble que nos courriers n’arrivent jamais dans le bureau, nos lettres étant interceptées par les surveillantes. A bout de nerfs, épuisées par ces conditions de détention rythmées par la répression, les brimades et les pressions, nous avons entrepris aujourd’hui une action afin de tenter de faire bouger les choses. En effet, depuis 10 jours, il y a eu 5 tentatives de suicide au quartier femmes et aujourd’hui, alors que nous avons voulu avoir un entretien avec la directrice, celui-ci nous a été refusé. Après maintes menaces de la part du personnel pénitentiaire, trois d’entre nous, poussées dans leur dernier retranchement ont avalé des cachets, moi-même je me suis auto-mutilée. Ces gestes de désespoir ne traduisent que le climat exécrable qui règne ici. Par ce courrier, nous souhaiterions dénoncer le harcèlement et les pressions psychologiques que nous subissons de façon répétée. Pourriez-vous S.V.P. lire notre courrier à l’antenne d’une part et alerter les médias pour nous. Nous craignons que l’une d’entre nous ne se fasse plus de mal que de raison. Nous vous en remercions.

Détenues de Seysses, Quartier femmes.

La seconde

MAF de Seysses,
le jeudi 30 mai 2013

Madame, Monsieur de la radio
Je viens à vous pour dénoncer les maltraitances que l’on subit à la MAF de Seysses, que ce soit en tant que spectatrice qu’en tant que persécutée. Tout d’abord, il y a 4-5 jours, une détenue basque espagnole que les surveillantes provoquent très souvent verbalement ! Donc notre collègue détenue Iti a demandé gentiment aux surveillantes de ne pas la tutoyer, que le respect doit être dans les deux sens, enfin voila le ton est monté et Iti a été passée à tabac, coups de pieds dans le ventre, etc. De là il l’ont jetée comme un chien au mitard (cellule disciplinaire). Il y fait très froid dans cette cellule, elle a réclamé une couverture et ils ne lui ont pas donné. Aussi, le lendemain Iti a été vue par le médecin à qui elle a fait part qu’elle était indisposée et qu’elle n’a rien, ni serviette ni papier toilette. Le médecin lui a donné de l’essuie-tout, ne serait-ce que pour l’hygiène, et en la remontant au mitard les surveillantes lui ont confisqué l’essuie tout. Iti a fait part de son mécontentement et, hélas, les surveillantes l’ont repassée à tabac. Résultat ils lui ont mis 25 jours de mitard dans des conditions inhumaines, sans hygiène, elle a froid, et pour faire valoir ses droits la pauvre Iti fait la grève de la faim avec une amie qui elle aussi fait une grève de la faim. Et pour les détenues qui ont tout entendu ou qui ne sont tout simplement pas d’accord avec leur façon tortionnaire, les détenues qui font un refus de plateau (de prendre le manger aux heures de repas), les surveillantes nous font comprendre qu’on a pas intérêt, elle nous dissuadent en nous faisant comprendre qu’il vaut mieux pas s’en mêler. Madame, monsieur de la radio il faut faire quelque chose et vous aussi chers auditeurs, auditrices, aidez-nous à ce que les choses changent. Les surveillantes se comportent pire que les détenues, elles nous mettent la pression, l’humiliation, elles jouent avec nous. Par exemple, hier, une maman était venue voir sa fille, et parce que cette vieille dame sonnait au portique à cause de son soutien-gorge – cette dame à même proposé d’enlever son soutien-gorge – malgré ça ils lui ont fait faire demi-tour et rentrer chez elle. Cette dame n’a pas de voiture, elle prend le bus, et la prison est à plus d’1h30 de la ville. Il y a aussi une jeune yougoslave qui a fait une fausse couche et qui n’a pas eu les soins adéquats, il y a aussi une détenue qui a été fouillée abusivement, elle l’a ressenti comme un viol et cela trois fois dans une pièce différente en interrompant son parloir. Je peux citer beaucoup d’autres abus. Nous sommes des détenues, pas animaux ! Il faut sincèrement que l’on nous aide. Nous, on ne peut rien faire du fond de notre cellule. Voilà pourquoi je vous demande de nous aider pour que nos conditions de détentions soient justes. Merci de m’avoir écouté, j’espère que ma lettre va pouvoir nous aider grâce à vous. Merci.

Le témoignage d’une ancienne détenue, reçu début Juin

Bonjour canal sud,
je vous écris pour apporter mon témoignage au sujet des mauvais traitements dénoncés à la M.A.F. de Seysses. J’ai été incarcérée pendant quelques mois dans cette prison il y a peu de temps et je ne peux que confirmer ce que disent les détenues dans leurs courriers.
Durant cette période d’enfermement j’ai assisté et/ou vécu plusieurs scènes dont je vous fais une liste, non exhaustive, ci-dessous :
- régulièrement et pour des raisons injustifiées les parloirs sont annulées alors que les familles sont là et à l’heure.
- les surveillantes lisent tout les courriers avant de les distribuer et divulguent volontairement leurs contenus à qui veut bien les entendre.
- une détenue malade a été privée de nourriture parce que les surveillantes exigeaient qu’elle se lève elle-même pour prendre le plateau repas que sa codétenue était prête à lui récupérer pour l’aider.
- les infirmier-es et médecins ne respectent pas le secret médical et divulguent des informations non nécessaires aux surveillantes.
- une détenue a attendu près d’un mois avant de pouvoir subir l’intervention dont elle avait besoin, elle a faillit faire une septicémie tellement la prison a mis de temps à l’envoyer à l’hôpital.
- alors que les femmes blanches et parlant français sont appelées par leur nom, les autres sont bien souvent désignées par leur nationalité ou région d’origine.
- il n’y a aucun moyen de traduction mis en place par l’A.P, qui ainsi exclut la possibilité aux non francophones d’accéder aux même droits que les autres.
- après chaque parloir les surveillantes effectuent une fouille totale à nu automatiquement sur chacune des détenues alors que cela n’est pas obligatoire. la fouille se fait dans un recoin mais tout le monde peut voir. C’est une pratique non nécessaire et rabaissante.
- certaines détenues attendent plus d’un mois pour recevoir les repas adaptés à leur régime alimentaire.
- les surveillantes, soit parce qu’elles ont la flemme de faire leur travail, soit simplement par vengeance, pratiquent la technique de l’oubli, c’est à dire qu’elle laissent les détenues dans la salle d’attente parfois pendant des heures (où il n’y a rien, ni toilette, ni eau, ni occupation)
… et j’en passe…

Ce peut paraître des détails mais lorsqu’on est privée de liberté les proportions ne sont pas les mêmes. Ce qui est certain c’est que les surveillantes exercent leur toute puissance sur les détenu-es de manière arbitraire et font preuve de sadisme, et qu’elle bénéficient de la complicité de la direction qui les couvre. Je ne suis donc pas surprise que les problèmes à la M.A.F soient niés en bloc par l’A.P, qui en plus en profite lâchement pour pleurnicher sur ses conditions de travail. Si je vous écrit aujourd’hui c’est pour soutenir ces détenues et dans l’espoir que les média arrêtent de mettre en doute leurs propos.

Vous comprendrez que je ne signe pas de mon nom

Ces lettres ont été envoyées à plusieurs médias libres, ainsi qu’à la presse bourgeoise, voilà ce qu’il en ressort :

Un article de Carré d’info

Un reportage et une interview de france3 midi-pyrénées ici

Pour aller plus loin, l’Envolée, journal et émission de radio anti-carcérale, pour en finir avec toutes les prisons.

P.-S.

Pour adresser des courriers à la direction de la prison :

Maison d’arrêt de Seysses
à l’attention de la directrice,
rue Danièle Casanova
BP 85
31 603 Muret Cedex
Tel : 05 61 56 68 68

Ou directement à la direction régionale de l’AP :

Direction interrégionale des services pénitentiaires,
à l’attention du directeur M.Georges Vin,
Cité administrative Bât G
2, boulevard Armand-Duportal
BP 81501, 31015 Toulouse Cedex 6
Tel : 05 62 30 58 09

Ou encore saisir le Contrôleur général des lieux de privation de liberté :

Monsieur le Contrôleur général des lieux de privation de liberté
BP 10301
75921 Paris CEDEX 19

Iaata

[La Talaudière, Corbas, Joux-La-Ville et Bapaume] Combats et répression en détention

jeudi, juillet 4th, 2013

Extraits de lettres de Christine

Début novembre 2012, suite à une altercation avec les matons en allant visiter son compagnon au parloir à la taule de Corbas, Christine a été emmenée en garde à vue. Puis, en attendant un procès qui a eu lieu le 13 février., elle a été placée en détention à la Maison d’arrêt de La Talaudière à Saint-Etienne. Elle reste incarcérée depuis, et purge la somme de différentes peines écopées ces dernières années suite à de multiples insoumissions à l’autorité de différentes institutions (flics, administration pénitentiaire, institution psychiatrique,…).
Christine est bergère. Elle a notamment eu des soucis avec les institutions répressives lors de sa participation à des luttes contre la loppsi 2, contre le puçage des moutons.
Vous trouverez plus d’infos par exemple ici

Depuis son incarcération, Christine a eu de multiples embrouilles en détention. Elle a été placée au mitard (QD ou Quartier Disciplinaire) et au QI (Quartier d’isolement). Elle a été transférée de La Talaudière à Corbas (Lyon) puis à Joux-La-Ville. Aux dernières nouvelles, elle est maintenant à Bapaume, vers Lille (alors que ses proches sont dans le sud !) L’accumulation d’altercations en détention risque d’alourdir sa peine, voire de la mener à nouveau devant les tribunaux.
Dans différentes lettres qu’elle a pu faire sortir de prison, elle raconte ses combats en détention et la répression féroce. Elle souhaite que ces lettres (que nous avons récupéré un peu tardivement) soient diffusées auprès des groupes qui se préoccupent de ce qui se passe en prison, et publiquement. Nous vous en proposons ci-dessous de larges extraits.
Christine se bat et revendique au quotidien. Elle crie qu’elle refuse l’enfermement. Et se bat pour que, au minimum, ses droits soient respectés. Elle a entamé de nombreux recours administratifs et plaintes. Son avocat est Guy Nagel (Lyon), elle est en contact avec l’OIP (Obseravtoire International des Prisons).

Il est possible de lui écrire à la prison de Bapaume, et tout soutien sera certainement le bienvenu !
(christine Ribailly – Centre de détention – Chemin des Anzacs – 62451 Bapaume Cedex)

Extraits de lettres de christine :

Jeudi 31 janvier, QD de Corbas.

Ne reculant devant aucun défi pour vous fournir des infos fraîches et diverses, votre envoyée spéciale au pénitencier est maintenant au mitard à Corbas.
Je suis passée au prétoire (à la Talaudière) et j’ai pris quinze jours (de mitard) ferme et 8 jours avec sursis. Je ne croyais pas que six mois allaient s’écouler sans que ça me tombe dessus, même si l’idée était séduisante. J’ai donc appris que je serai transférée ce lundi 28 [ndlr : il n’y a pas de mitard au quartier femmes de la talaud].
(…) Dimanche 27 janvier, à la promenade, je me suis engueulée avec une fille pour la deuxième fois. Cette fois on a échangé des coups (J’en ai pris plus car elles étaient à 2 contre moi). Bien sûr c’est moi que les bleus ont remonté en cellule, menottée dans le dos. Après m’être calmée, j’ai demandé à téléphoner, comme j’y ai droit. En fait, la surveillante ne voulait pas m’ouvrir sans un surnombre de matons comme ils me le font souvent, malgré l’accord du 15 novembre avec la direction. (…) L’auxi peut témoigner que j’étais calme. Mais les matons m’ont foutue au sol le temps de mettre en cellule le repas dans une barquette en plastique. J’ai dit : « Je veux juste téléphoner, j’y ai droit, de quoi avez-vous peur ? Je ne me débats même pas ». Mais ils m’ont refoutue en cellule et je n’ai pas pu bloquer la porte. J’étais furax et j’ai glissé du papier journal sous la porte pour l’enflammer, comme je l’ai souvent pratiqué.(…) Ils ont ouvert la porte, l’un d’eux avait un extincteur. Il ne s’est pas contenté d’asperger la porte mais m’a délibérément aspergée. J’étais en train de respirer à la fenêtre. Je suis allée vers eux en gueulant : « Tu t’amuses bien ? » Ils ont essayé de la refermer mais je l’ai bloquée avec le genou. Ils se sont alors énervé et m’ont foutu au sol, dans la neige carbonique. Ils m’ont menottée dans le dos en me faisant vraiment mal à l’épaule et en serrant très fort. Depuis leurs cellules des filles criaient : « Salauds ! Lâchez la !On t’a entendu dire que tu allais lui casser le bras ! » Il m’a demandé de dire aux filles de se calmer mais j’ai refusé, demandant juste à ce qu’il lâche l’épaule. Je suis restée au sol sous ce mec le temps qu’ils vident entièrement la cellule (fringues, bouquins, poubelle, table…) puis ils m’y ont refoutue en laissant un doliprane sur l’évier. La cellule était trempée et noire de papiers brûlés, moi j’étais trempée et mal en point. (…)
A 7h du matin, (quand ils ont ouvert), je suis allée vers la cabine. Mais ils m’ont dit que je téléphonerai après la douche. J’ai accepté car j’en avais vraiment besoin. Quand je suis [retournée dans la cellule], ils en ont profité pour claquer la porte. (…) J’ai gueulé « Vous aviez dit que je téléphonerai après ! » et ils ont répondu « Ben ouais, après, tu téléphoneras après… Aller, bon QD ! » Et un de ces s… rigolait en disant : « Ben quoi, tu chiales Ribailly ? », alors que je répétais, à bout de nerfs : « T’avais dit ! ».
Entre 7 et 9h, toutes les filles qui sont passées ont vu mon bordel dans le couloir et la crasse sous la porte. Beaucoup ont été choquées et m’ont gueulé quelques mots de solidarité. J’ai aussi eu un yoyo de mon propre tabac qu’elles ont pris dans ma veste, sur le tas de mes affaires. (…)
[ndlr : Puis Christine a été transférée vers Corbas]
Hier j’ai vu le toubib dans le cadre de l’accueil arrivante au mitard. Elle m’a fait un certificat médical avec 3 jours d’ITT. J’aimerais déposer plainte pour abus de pouvoir et violences. Pensez-vous que c’est possible ? Voulez-vous m’y aider ?
Bon, après ça j’étais remontée à bloc pour faire face au mitard. Ils ont du le comprendre car ils ont eu une toute autre position qu’il y a deux ans. Au greffe, ils se sont contenté d’un « Non ! » quand ils m’ont demandé la biométrie. J’ai pu avoir mon tabac à la porte de la cellule. J’ai vite eu des bouquins et de quoi écrire. Grâce à la réforme, j’ai même une petite radio. (…) Du coup, libérée de la peur qu’ils me psychiatrisent, je vis bien mieux le mitard que je ne le craignais. (…) J’écris beaucoup (vous voyez), je fais des séries de pompes et abdos. Je dors bien. (…)
Qu’est-ce que vous ne savez pas sur le QD de la MAF (Maison d’arrêt pour femmes) ? Il y a trois cellules, 2 cours goudronnées de 6x8m cernées de murs ou grilles de 3 ou 4 mètres de haut, et au plafond tellement tapissé de barreaux, grillage serré et rouleaux de barbelés que j’imagine que la neige ne passe pas (En tous cas le soleil, c’est sûr, n’atteint jamais le sol). (…)

Mardi 5 février, QD de Corbas.

(…) Tout ce que je vous raconte est fait pour être diffusé. (…)
Ici j’ai découvert une cellule encore plus flippante que le mitard. Voilà ce qui s’est passé. Avec le lieutenant, toute la semaine, ça s’était pas mal passé. Mais l’équipe de ce week-end a voulu changer la donne. (…) Dimanche, ça a été encore plus tendu : ils m’ont mis à la promenade dès 8 heures du matin, alors qu’il faisait encore presque nuit. Puis ils m’ont refusé la douche alors qu’ils me l’avaient proposée le matin. A midi, ils n’ont pas ouvert la grille pour me passer la gamelle. Alors le soir, quand j’ai vu qu’ils n’ouvriraient pas plus, je leur ai dit : « Si, vous allez ouvrir ! » et j’ai enflammé une feuille de papier journal. Ils ont refermé la porte en laissant la gamelle dans le sas, hors accès. (…) Puis est venu un lieutenant pour calmer le jeu. Je lui ai expliqué que je refusais d’être servie comme un clebs au chenil et que je lui donnerai le briquet en échange du repas quand il aurait ouvert la grille. (…) Il m’a dit que je grillais mes chances d’avoir le parloir interne que je réclamais, alors que la direction avait émis un avis favorable. Je me doutais bien qu’il mentait, mais je ne voulais pas prendre de risque, alors je lui ai donné le briquet. Il est parti aussitôt, sans ouvrir le sas, et sans même me donner la gamelle. Dix minutes après, ils étaient 6, avec casques et boucliers, pour me menotter. Cassée en deux, ils m’ont menée à travers toute la MA. Je n’ai pas bien compris où on allait mais on a repris le souterrain. Ils m’ont accroupie au fond d’un cellule pour me démenotter après m’avoir pris lunettes et baskets. J’ai demandé où on était et ils m’ont dit « aux arrivants ». Mais la cellule n’avait rien d’une cellule d’arrivants. Je sentais la patte de l’architecte pervers de la chambre de l’UHSA [la prison hôpital]. Lit, table, tabouret, tout était en béton. La télé était protégée par un plexiglass, tout comme la fenêtre, impossible d’accès. Il n’y avait pas de draps, juste deux couvertures en tissu. Même la télécommande était incrustée dans le mur (et ne marchait pas). Une grande surface était prise par la douche et le chiotte. L’évier en alu comme au mitard, sauf qu’il n’y avait pas de robinet, juste un jet d’eau pour boire. Tout était super propre, lisse. J’ai vu un petit sac sur la table : il y avait une affichette. « Vous êtes en souffrance. Il est nécessaire de vous aider. Ce kit fait partie du protocole d’aide. Le pyjama est aéré pour un plus grand confort. En cas de détresse, faites appel au surveillant, votre premier interlocuteur ». Et un pyjama bleu, comme en HP. J’ai eu peur, j’ai pensé qu’ils m’avaient hospitalisée au SMPR, que j’étais en HO (hospitalisation d’office) sans avoir vu de toubib. J’ai appelé mais personne n’a répondu. Une demi heure plus tard, comme j’avais bouché le judas avec l’affichette, ils ont cogné à la porte, joué avec la lumière et appelé à l’interphone. J’ai décidé de ne pas répondre, comme eux. (…) Ils ne voulaient pas rentrer, juste mater. (…)
A 9h le lendemain, j’avais faim et envie de fumer. J’ai fureté dans la cellule pour faire quelque chose. On ne pouvait rien casser, pas appeler. La fenêtre donnait sur une cour intérieure, un toit en fait, où jamais un humain n’est allé. Tout était arrondi, lisse, aseptisé, c’était franchement flippant. Au plafond il y avait une demi-sphère en alu poli pour faire miroir depuis le judas et ne laisser aucun espace sans vue (même collé à la porte). C’était vraiment de l’incitation au suicide, par sa volonté affichée de le rendre impossible. La frustration, même pour moi qui ne veux pas crever, était à son comble. (…) Enfin vers 11h, j’ai entendu une surveillante me dire que j’allais voir un médecin. J’ai pris une grande inspiration et accepté. Ils étaient au moins douze dans le couloir !L’entretien a été assez court quand elles ont compris que j’étais en colère et pas suicidaire. Elles m’ont dit le sigle de la cellule, mais je ne m’en souviens plus, il y avait un P comme « protection » et elle est effectivement au quartier arrivant. [Puis Christine a été ramenée au QD]
J’imagine le pauvre gars, tout juste sorti de garde à vue et enfermé dans cette cellule d’incitation au suicide lors de sa première arrivée à la rate. La façon la plus ignoble de lutter contre la surpopulation ! Elles sont belles, les règles européennes. (…)

Dimanche 10 février, QD de Corbas.

Demain je dois retourner à la Talaud. (…)
Excédée par le refus de parloir interne [ndlr : avec son compagnon, incarcéré aussi à Corbas], j’ai essayé encore de revendiquer vendredi. Sanction immédiate : plus de lumière et plus d’allume-cigare (bien sûr, pas de briquet en cellule). (…) Voici la lettre que j’ai écrite à la direction :

« Quand on se targue d’apprendre aux autres à respecter la loi, il faut d’abord, par cohérence, à défaut d’honnêteté, la respecter soi-même. Or :
- J’ai été quinze jours au QD, trois lundis, et vous ne m’avez permis qu’un seul parloir.
- J’ai signalé dès l’arrivée au médecin que j’avais une ordonnance pour de la kiné hebdomadaire et il n’y a eu aucun suivi
- Je n’ai pas pu m’alimenter du dimanche 3 à midi au lundi 4 à midi (deux repas refusés).
- Malgré ma demande du 30 janvier, mon avocat n’a pas obtenu son permis de communiquer
- J’ai été jugée en mon absence le 5 à Aix en Provence, sans que soit organisée d’extraction ou de visioconférence.
- Je n’ai pu ni lire ni écrire ni fumer du vendredi 8 à midi au samedi 9 à 8h.
- L’évier de la cellule du QD est bouché.
- La télévision de la cellule d’incitation au suicide ne marche pas. Le flotteur des toilettes est coincé.
- La première semaine, je n’ai vu qu’une fois le médecin.
- Vous avez laissé nombre de mes courriers sans réponse et les gradés ont parfois refusé de répondre à mes questions.
- La cage de promenade est cernée de murs si hauts et fermée par un grillage si serré que ni la neige ni le soleil ne l’atteignent. Où est l’heure de promenade obligatoire « à l’air libre » ?
- Le courrier interne m’a toujours été remis en retard, ou pas remis du tout.
(…) Je continuerai à exiger le respect des lois (à défaut du respect humain qui vous est inaccessible). »

Dimanche 17 février, QD de Joux-La-Ville.

Je continue mon tourisme pénitentiaire. Je suis maintenant en CD, près d’Auxerre.
(…) (A mon arrivée) j’ai accepté la fouille à corps et répondu au topo du chef : « Si vous vous tenez bien, ça se passera bien » par « Si vous me touchez pas, je me tiendrai bien ». Ils n’ont pas insisté pour les empreintes et ont fait une photo tête baissée et yeux fermés pour la carte de circulation. Puis je suis allée au mitard. (…) Il fait super froid en cellule et ma voisine, une jeunette toute maigre, en chie beaucoup. Depuis trois jours on réclame qu’ils viennent prendre la température, mais ils ne font rien. (…) Je me souviens avoir lu qu’un mitard avait été fermé après qu’un huissier ait relevé 14°C. Je suis sûre qu’il ne fait pas plus ici.(…)
Il y a deux mois, deux filles ont pris en otage une surveillante. Après 30jours de mitard bien agités et une comparution immédiate (18 mois pour l’une, deux ans pour l’autre), elles ont eu le droit à un transfert disciplinaire, mais je ne sais pas où.

[Christine raconte ensuite comment elle a réclamé à maintes reprises que la température des cellules soit vérifié, qu’elle était entre 13 et 16°C alors que le médecin lui a dit que c’était entre 19 et 21°C pour une pièce d’habitation normale. Rien n’a changé, alors elle a revendiqué plus intensément -notamment en mettant le feu à sa cellule – et fait face à une répression sévère. Elle est alors placée au quartier d’isolement]

Le chef du quartier femmes, Dinan, m’a dit que le toubib avait eu un appel de l’OIP (ndlr : au sujet du chauffage en cellule) mais qu’il avait botté en touche. La technique, c’est pas lui, c’est Sodexo. Ce à quoi j’ai répondu. « Non, le respect de la loi, c’est vous. A vous de mettre la pression sur Sodexo ». Et là, pompon : « On le fait. Ils nous payent des amendes quand ils ne répondent pas à nos demandes ». En gros, merci les taulards de vous battre, vous enrichissez l’AP, et Sodexo l’a cool. Vive les Esquimaux !

[Christine a ensuite mené d’autres combats et eu d’autres altercations avec les surveillants, démarrant systématiquement sur des refus de réponses à ses demandes, ou quand elle réclame que ses droits soient appliqués sur des questions du quotidien. Certaines altercations dégénèrent et se finissent par des rapport d’incidents et passages au prétoire. Elle raconte aussi qu’elle est accusée d’avoir mordu un surveillant, ce qu’elle nie. Elle est passée pour cela au prétoire sans avoir pu être assistée d’un avocat, donc elle a refusé de comparaître, une nouvelle altercation avec les surveillants s’en est suivie, une sanction à trente jours de mitard a été prononcée en son absence, et elle risque un passage au tribunal correctionnel pour cette histoire. Elle raconte comment ses combats lui permettent parfois d’obtenir gain de cause et un apaisement de la situation, mais comment la répression, physique mais surtout psychique, la pousse parfois à bout. Elle raconte notamment que, en représailles, sa cellule a été plusieurs fois vidée de toutes ses affaires. Ou comment elle a craint d’être hospitalisée d’office pour la mater. Pour exemple, voilà sa retranscription d’un échange avec Monsieur Bacher, chef de détention :]

- Je veux mes affaires !
- Tu ne les auras pas et si t’es pas contente, t’as qu’à écrire à l’OIP.
- Et comment je leur écris sans stylo ?!
- Fais pas chier ! T’as mordu un collègue, t’es entre quatre murs et c’est bien fait pour ta petite gueule !
- De toutes façons, j’y suis entre quatre murs, que ce soit ici, en face, ou même en secteur ouvert !
- Et on va t’y faire triquarde si on veut. Tu vas apprendre que c’est pas toi qui décide. En 25 ans de pénitentiaire, j’en ai maté plus d’une, de petite conne comme toi ! (…)

Mardi 9 avril, Bapaume, quartier arrivants

Ce matin à 8h j’ai eu droit au transfert. Il y avait les ERIS, aussi nombreux et équipés que le 15 février. Mais cette fois j’ai eu le droit à un fourgon cellulaire. J’ai donc refusé d’entrer dans la cage avec les menottes (devant) et les entraves, mais je n’ai rien pu faire. L’arrivée ici a été un peu plus calme. Bizarrement, je ne suis ni au QI ni au QD. (…) J’ai déjà rencontré la nana qui a pris une matonne de Joux en otage il y a deux mois. Je vais pouvoir aller en sport et en promenade collective. Je vais commencer par fêter ça avec une sieste et un coca devant la télé, quel confort ! Je vous tiens au jus de l’évolution, à bientôt.

Christine.

le numéro zéro

[CD de Neuvic] Ca chauffe au mitard

jeudi, juillet 4th, 2013
mi-juin 2013

Voilà quelques infos qui nous sont parvenues du centre de détention de Neuvic sur l’Isle (Dordogne) et témoignent du climat tendu qui y règne au mitard (QD ou quartier disciplinaire) et au QI (quartier d’isolement).

Selon plusieurs prisonniers, comme des observateurs associatifs extérieurs, les prisonniers de Neuvic seraient en grande partie cachetonnés et défoncés. C’est une manière bien pratique de gérer une détention et d’y avoir la paix. De plus, la plupart des détenus y ayant des peines relativement « courtes » (même si évidemment une peine d’enfermement sera toujours trop longue), ils attendent pour la plupart leur sortie prochaine, sans faire de vague. La direction semble donc n’avoir que peu l’habitude de faire face à des conflits avec des prisonniers.
Ceci dit, il y a aussi à Neuvic quelques prisonniers qui y sont envoyés de loin. Voilà leur punition : perdus au milieu d’une population carcérale avec laquelle ils ne partagent pas la même situation, éloignés de leurs proches et de prisonniers avec qui ils partageaient leurs expériences, notamment leurs insoumissions régulières.

Face aux quelques détenus qui ouvrent leur gueule, réclament, ne se laissent pas faire, pètent parfois les plombs par désespoir, la direction emploie la manière forte et met de l’huile sur le feu. Pour une broutille à la base, les conflits entre détenus et surveillants et/ou AP s’enflamment. Cercle vicieux : la stratégie de la direction face aux tensions semble être de taper toujours plus fort.

Ainsi, parallèlement à une détention « normale » tenue au calme en grande partie par les cachetons, le mitard et le QI sont peuplés des détenus considérés comme problématiques, et matés par la manière forte. Avec grand mépris pour ce qu’ils ont à dire et aucune considération pour les situations qui les font monter en pression, des situations désespérées qui font qu’ils s’énervent contre l’AP.

Quelques exemples…

Ainsi, un détenu « longue peine », arrivé à Neuvic il y a quelques mois, a tout de suite compris que ce serait l’enfer pour lui ici : il a immédiatement demandé un transfert en maison centrale, et demandé lui même à être placé au mitard pour accélérer son transfert, il a « bloqué » le mitard pendant des semaines, jusqu’à être placé au quartier d’isolement, avec la « promesse » néanmoins qu’il allait obtenir son transfert en centrale.

Ainsi, Benjamin Darcos, détenu au mitard depuis trente jours, à bout, multiplie les altercations avec des surveillants et personnels de direction. Nous ne savons pas ce qui en est à l’origine. Mais nous savons qu’il a été jugé en comparution immédiate mi-juin pour avoir craché sur le directeur, et a écopé de 8 mois de prison supplémentaires dont 4 fermes. Nous savons surtout que maintenant, les surveillants, notamment une équipe, interviennent dans sa cellule avec l ’équipement « anti-émeute » (boucliers…), et lui ordonnent de se coucher sur le lit à plat ventre, mains dans le dos et en regardant le mur, pour obtenir son repas. Il refuse : « je ne suis pas un chien », et réclame qu’on lui apporte la gamelle normalement. Ces gardiens déclarent alors qu’il a refusé le repas et s’en vont sans le lui servir. Ainsi, tant que cette équipe est en place, il ne mange pas. Pourtant, Benjamin semble ne pas se laisser abattre. Ce qu’il réclame, c’est d’être transféré.

Ainsi, Nabil Chakik, arrivé suite à un transfert disciplinaire avec la volonté délibérée de l’éloigner au maximum de ses proches, a immédiatement demandé à être transféré. Le ton ayant monté entre lui et la direction suite à un conflit à la base anodin avec un surveillant, il a été puni de 20 jours de mitard en tout. Puis il a été placé au quartier d’isolement à cause d’une lettre véhémente écrite au directeur et d’une lettre adressée à un collectif de soutien aux prisonniers dans laquelle il raconte ses conflits.

Rappelons que les mitards sont dénoncés partout comme des lieux de punitions lugubres et très durs, et que l’isolement est dénoncé comme une mesure de destruction psychique des personnes incarcérées.

Le ton monte entre certains détenus de Neuvic et la matonnerie, qui ne répond que par l’intensification de la répression. Mais ces détenus poussés à bout ne se laissent pas faire. Ils réclament leur transfert afin de poursuivre leur peine dans d’autres conditions.
Nous les soutenons.
Faire sortir les infos de prisons n’est pas facile, mais très important. Nous transmettrons des informations plus précises dès que possible. Faites tourner le mot !

Vous pouvez écrire à ces prisonniers pour les soutenir, ou interpeller l’administration pénitentiaire locale et régionale.

Monsieur le directeur
Centre de détention
BP01
24190 Neuvic sur l’isle

Direction interrégionale des services pénitentiaires
de Bordeaux
188 rue de Pessac
CS-21509
33 062 Bordeaux Cedex

le numéro zéro

[Lavaur] Nouvelle évasion à l’EPM

dimanche, mai 12th, 2013

C’est avec un immense plaisir que nous relayons ici cette information, trouvée dans le torchon local :

Lavaur. Un jeune s’évade du centre fermé pour mineur

Un mineur détenu à l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur (Tarn) a profité du fait qu’il était sur un chantier de débroussaillage dans une commune proche pour s’évader samedi après-midi. Les gendarmes ont déployé un important dispositif pour le retrouver. Une équipe cynophile est mobilisée et les recherches sont appuyées par un hélicoptère.

Le jeune homme, âgé de moins de 18 ans, avait été envoyé dans la commune de Puylaurens, au sud-est de Lavaur, pour y travailler dans le cadre d’un chantier de débroussaillage lorsqu’il a réussi à prendre la fuite.

D’autres évasions

Selon des sources proches de l’enquête, le mineur a des attaches familiales à Toulouse. L’EPM de Lavaur a été le théâtre d’évasions par le passé.

Des jeunes s’étaient ainsi enfuis de l’établissement même en novembre et octobre 2012. Comme d’autres EPM en France, il a aussi été le théâtre d’incidents, notamment en mai 2011 avec une situation s’apparentant à une quasi-rébellion, selon les syndicats des personnels intervenant dans l’établissement.

Les EPM sont des établissements pour des mineurs de 13 à 18 ans, condamnés ou prévenus. Ils n’accueillent que quelques dizaines de jeunes fortement encadrés par l’Administration pénitentiaire, la Protection judiciaire de la jeunesse et l’Éducation nationale, avec pour objectif prioritaire l’éducation et la réinsertion.

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Il y a plus de liens sur le site du JuraLibertaire.