La presse bourgeoise en mai dernier…

3 mai 2011

Le Figaro : Les prisons pour mineurs sous le feu des critiques

Manque de personnel, absence de définition du rôle des éducateurs, violence des détenus… Les syndicats dénoncent un manque de règles à l’intérieur des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). Selon le ministère en revanche, les EPM «fonctionnent» bien.

Surveillants agressés, tentative d’évasion, prise d’otage… Plusieurs incidents survenus dans des établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) ont occupé ces dernières semaines le devant de la scène. Un phénomène qui n’est pas nouveau selon Alain Dru, le secrétaire général de la CGT – Protection judiciaire de la jeunesse (CGT-PJJ), alors que ce type d’établissement existe depuis 2007. «L’incident survenu à Meyzieu mi-avril, au cours duquel une éducatrice a été prise en otage pendant plus de deux heures par un détenu de 16 ans, a permis que ce genre de faits soient connus, décrypte-t-il. Auparavant, le personnel de la pénitentiaire et de la PJJ subissait une forte pression pour ne pas parler. Il y aurait en réalité plusieurs centaines d’incidents par an dans les EPM, selon un rapport de l’Administration pénitentiaire et la PJJ sorti mi-avril».

Selon la direction de la protection judiciaire de la Jeunesse (DPJJ), les six EPM répartis sur le territoire français, ouverts entre 2007 et 2008, accueillent actuellement 225 mineurs, pour 346 places. Ces établissements, qui doivent «allier sécurité carcérale et éducation pour préparer la sortie et la réinsertion», peuvent héberger jusqu’à 60 détenus chacun, de 13 à 18 ans.

Pour Alain Dru, «il y a un vrai problème d’organisation et de conception du travail à l’intérieur des EPM». «On constate un souci dans la définition des rôles depuis le début», explique-t-il, tout en soulignant que la CGT-PJJ soutient le principe de séparation des détenus mineurs et majeurs. «Il n’y a par exemple pas de définition du rôle d’un service éducatif dans ce type d’établissement. On a ainsi mis l’accent sur les activités collectives (sports, macramé, poterie…), mais cela ne laisse pas assez de temps aux éducateurs pour discuter avec les jeunes», déplore le secrétaire général. Avant de poursuivre : «Or, ce sont des moments essentiels pour les mineurs, qui doivent comprendre pourquoi ils sont là ou qui ont parfois besoin d’être recadrés. Les éducateurs, qui n’ont pas de directives particulières, souhaiteraient parvenir à un équilibre entre les activités et les moments de discussions. Mais l’administration bloque sur ce sujet, car plus personne ne travaille sur les EPM depuis trois ans…»

Des murs cassés à coups de pied ou de poings

Pascal Rossignol, délégué régional du syndicat UFAP à Lyon, considère également qu’il n’y a pas assez de règles dans les EPM. «Certes, le concept est récent, mais nous n’avons jamais vraiment arrêté quelque chose de très professionnel, analyse-t-il. Les surveillants de la pénitentiaire et les éducateurs de la PJJ sont par exemple censés travaillés en duo – un pour l’encadrement, un autre pour la partie éducative -, mais ce système ne fonctionne pas car on n’a jamais expliqué aux uns et aux autres leur rôle». «Il arrive notamment que des éducateurs de la PJJ ne travaillent pas toujours en binôme avec un surveillant. Le mineur, qui est alors censé être encadré par deux personnes et non une, peut en profiter pour déstabiliser ou agresser le surveillant», ajoute Pascal Rossignol.

Contacté par Lefigaro.fr, le ministère juge de son côté que les actes de violence survenus récemment au sein de plusieurs EPM ne remettent pas en cause leur organisation. «On constate un bon fonctionnement de ces établissements autour de l’intervention conjointe des surveillants et des éducateurs», assure Olivier Pedro-Jose, le porte-parole adjoint du Garde des Sceaux, précisant qu’ils bénéficient de certaines formations communes.

Mais pour Pascal Rossignol, les concepteurs de EPM n’ont pas prévu le durcissement de la population pénitentiaire mineure, que ce soit au niveau de leur prise en charge ou des bâtiments les accueillant. Au bout de quatre ans, certaines infrastructures ont ainsi déjà dû être reconstruites, des jeunes ayant cassé des murs à coups de pied ou de poings. «Le ministre de la Justice, Michel Mercier, est très attentif aux violences dans les EPM. Il s’est d’ailleurs rendu à Meyzieu après la prise d’otage d’une éducatrice, rétorque son porte-parole adjoint. Ce type de comportement appelle une réponse ferme et rapide, même si la répression n’est pas l’unique réponse. On doit aussi intégrer une dimension éducative dans le souci de préparer le jeune à sa réinsertion».

Manque de personnel

Autre critique émise : le manque de personnel. «En moyenne, chaque EPM compte 50 surveillants et 36 éducateurs, ce qui en soi est raisonnable lorsque tout le monde est là, affirme Alain Dru. Mais c’est un nombre incompressible, ce qui fait que les personnes en congés payés, maladie ou maternité, ne sont pas remplacées». Une situation qui contraint certains personnels à faire des heures supplémentaires. «Ils deviennent forcément moins vigilants après 12 – 13 heures de travail et c’est là que les incidents peuvent survenir», note le secrétaire général de la CGT-PJJ.

Le 20 avril dernier, lors d’un mouvement de grève des éducateurs, la direction de la protection judiciaire de la Jeunesse, qui dépend du ministère de la Justice, assurait que la violence dans les EPM était «une de ses préoccupations centrales». Un «cahier des charges (…) reprécisant les rôles de chaque intervenant» sera publié à l’automne et les dispositifs de formation des surveillants et des éducateurs seront renforcés «dès le mois de septembre», avait-elle indiqué à l’adresse des grévistes.

 

 

9 mai 2011

Le Figaro : Nouveaux incidents dans une prison pour mineurs

Une cuisinière a été agressée ce week-end à Lavaur, dans le Tarn, tandis que sept départs de feu ont été dénombrés et qu’une dizaine de cellules ont été saccagées. Les syndicats évoquent une «rébellion généralisée».

La série noire continue dans les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). Celui de Lavaur, dans le Tarn, était jusqu’à lundi matin en état de quasi-rébellion après avoir été le théâtre de multiples incidents ces deux derniers jours, selon des sources syndicales.

Les troubles ont commencé au cours du week-end par l’agression d’une cuisinière, sur laquelle des détenus ont jeté un seau, tout en l’insultant. Dans un premier temps, les incidents étaient localisés dans «l’unité» où sont placés les jeunes les plus difficiles. Puis, la quasi-totalité des 45 mineurs incarcérés y ont pris part, à l’exception de quelques-uns, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) Laurens Maffre, secrétaire régional de l’Ufap-Unsa-Justice. La violence est allée crescendo dans l’enceinte de l’établissement, où les surveillants ont été la cible de projectiles, d’insultes et de menaces de mort. Une dizaine de cellules ont été saccagées, selon les syndicats Ufap-Unsa Justice et CGT Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), tandis que sept départs de feu ont été dénombrés dans la nuit de dimanche à lundi.

On n’est «pas loin» de la mutinerie

Ce déploiement de violences a nécessité l’intervention d’une Equipe régionale d’intervention et de sécurité (ERIS), sorte de force de réaction rapide constituée de surveillants intervenant en tenue de protection en cas de crise. Une procédure normale dans ce genre de situation, assure au Figaro.fr Alain Dru, le secrétaire générale de la CGT-PJJ. Selon ce dernier, ce type de troubles est courant dans les EPM, particulièrement ceux en état de saturation, comme Lavaur, ou ceux dans lesquels le nombre de détenus augmente régulièrement. «Les destructions de cellules à Lavaur arrivent souvent. La grande différence, c’est qu’avant les incidents n’étaient pas rendus publics», souligne-t-il, rappelant que plusieurs cellules de l’EPM de Porcheville ont aussi été brûlées.

Après être intervenue dimanche pour neutraliser le détenu qui a agressé la cuisinière, l’ERIS était toujours présente lundi à l’établissement de Lavaur. Le détenu en question, incarcéré en vertu d’une procédure criminelle, a été transféré dans une autre prison. Un autre jeune a été placé en cellule disciplinaire selon le directeur territorial de la PJJ, Michel Gellf. «La situation est en voie de retour à la normale», affirmait toutefois à la mi-journée la procureure de Castres, Manuella Garnier. Une information confirmée par Michel Gellf. Bertrand Mappas, de la CGT-PJJ, parlait un peu plus tôt d’une «rébellion généralisée», tandis que Laurent Maffre évoquait une mutinerie.

En début d’après-midi, le ministère de la Justice ne s’était pas encore exprimé sur l’affaire. Les premiers EPM, qui ont été ouverts en 2007 pour des mineurs condamnés ou prévenus, sont censés remplacer les quartiers des mineurs des maisons d’arrêt.

Europe 1 : Quasi-rébellion à l’EPM de Lavaur (syndicats)

L’établissement pénitentiaire pour mineurs de Lavaur (Tarn) était lundi matin en état de quasi-rébellion après avoir été le théâtre de multiples incidents au cours du week-end, d’après des sources syndicales. Les troubles ont commencé au cours du week-end par l’agression d’une cuisinière sur laquelle des détenus ont jeté un seau et qu’ils ont insultée.

Les troubles se sont ensuite généralisés : les surveillants ont été les cibles de projectiles, d’insultes et de menaces de mort, une dizaine de cellules ont été saccagées, ont indiqué les syndicats Ufap-Unsa Justice et CGT Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). D’abord localisés dans « l’unité » stricte où sont détenus les jeunes les plus difficiles, les incidents se sont étendus à la quasi-totalité des 45 mineurs incarcérés, à l’exception de quelques-uns, a indiqué Laurens Maffre, secrétaire régional de l’Ufap-Unsa-Justice.

Le Nouvel Obs : Violents incidents à la prison pour mineurs de Lavaur

Des surveillants et une cuisinière ont été agressés ce week-end. Selon les syndicats, la tension est toujours palpable dans cet établissement du Tarn.

La mutinerie n’est « pas loin », estime Laurens Maffre, secrétaire régional de l’Ufap-Unsa –Justice. Selon plusieurs sources syndicales, l’EPM (établissement pénitentiaire pour mineurs) de Lavaur (Tarn) était toujours, lundi 9 mai au matin, en état de quasi-rébellion.

De nombreux incidents s’y sont en effet déroulés ce week-end. Les syndicats Ufap-Unsa Justice et CGT Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) rapportent qu’une cuisinière a tout d’abord été agressée physiquement -jet d’un seau-, puis verbalement. C’était peu de temps avant que des surveillants n’essuient à leur tour des jets de projectiles et ne soient, eux aussi, victimes d’insultes et de menaces de mort.

« La tension n’est pas redescendue »

Parallèlement à ces agressions, une dizaine de cellules ont été saccagées, ont également rapporté les mêmes sources syndicales.

Si les incidents ont dans un premier temps éclaté au cœur de l’unité où sont regroupés les détenus les plus difficiles, ils se sont ensuite propagés à la quasi-totalité des 45 mineurs incarcérés à l’EPM de Lavaur. Selon Laurens Maffre, seuls quelques détenus n’ont pas pris part aux incidents.

L’ERIS (Equipe régionale d’intervention et de sécurité) est intervenue. Le jeune détenu soupçonné d’avoir agressé la cuisinière a été placé en cellule disciplinaire.

Cette unité de sécurisation, composée de surveillants intervenant en situation de crise, était toujours sur place lundi matin. Sept départs de feu ont également été comptabilisés dans la nuit de dimanche à lundi.

Une « rébellion généralisée » : c’est en ces termes que le syndicaliste de la CGT PJJ Bertrand Mappas décrit les événements, ajoutant que « la tension n’est pas redescendue ».

 

Le Monde : Graves incidents dans la prison pour mineurs du Tarn

Agression d’une cuisinière, cellules saccagées, départs de feu, une nouvelle prison pour mineurs a été le théâtre dans le Tarn de troubles confinant à la mutinerie et révélateurs selon les syndicats des fortes tensions dans les six établissements de ce type ouverts depuis 2007-2008.

Après la prise d’otage dans l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Meyzieu (Rhône) et la tentative d’évasion à l’EPM de Marseille, l’EPM de Lavaur, à environ 40 kilomètres à l’est de Toulouse, a connu jusqu’à lundi matin une situation de quasi-rébellion après de multiples incidents lors du week-end, ont indiqué UFAP-UNSA-Justice et CGT-Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

Les syndicats ont souligné qu’ils tiraient la sonnette d’alarme depuis quelque temps sur le rapprochement dans ces établissements de mineurs a priori réinsérables et d’autres multirécidivistes.

C’est un de ces mineurs, visé par une procédure criminelle, qui aurait déclenché les troubles dimanche en jetant un seau sur une employée servant les repas. Pour maîtriser ce jeune de moins de 16 ans, décrit par un intervenant à l’EPM comme ayant « plus besoin de soins que de détention », une équipe régionale d’intervention et de sécurité, sorte de force de réaction rapide en milieu carcéral, a été appelée en renfort. C’est le genre d’évènement « qui suffit pour que les plus perturbateurs commencent à dégénérer » et qu’on arrive à une « rébellion généralisée », a relaté Bertrand Mappas, de la CGT-PJJ.

Les surveillants ont été les cibles de projectiles, d’insultes et de menaces de mort, a rapporté Laurens Maffre, secrétaire régional de l’UFAP-UNSA-Justice. Selon lui, le nombre de cellules saccagées, variable selon les sources, a atteint la dizaine et sept départs de feu ont été dénombrés dans la nuit de dimanche à lundi. Lundi, la situation restait tendue, mais était « sous contrôle », a indiqué le porte-parole de la chancellerie. « Le calme a été rétabli et certaines activités ont d’ores et déjà repris ».
« Des mineurs ont été placés en quartier disciplinaire dans l’attente de leur comparution devant la commission de discipline », a-t-il dit.

DROIT DE RETRAIT ET APPELS À LA GRÈVE

Mais l’inquiétude demeurait vive chez les surveillants et les éducateurs de la PJJ. Ces derniers ont fait valoir leur droit de retrait dimanche et lundi et voté lundi une grève reconductible à partir de mardi, afin d’obtenir une reconnaissance de la pénibilité et un véritable bilan de l’activité des EPM, a dit Bertrand Mappas. La CGT-PJJ a annoncé un préavis de grève reconductible similaire à l’échelon national face à la multiplication des violences dans les EPM, qu’elle compare à des « cocottes-minute ».

Les syndicalistes rappellent que les EPM avaient été ouverts pour préparer la réinsertion de mineurs. Les détenus de Lavaur passent le moins de temps possible en cellule, et le plus possible en cours, en entretien ou en activité collective. Mais on enferme aussi en EPM des jeunes qui « pourrissent la vie » des surveillants et éducateurs, dénonce Laurens Maffre. La chancellerie a indiqué que la PJJ allait systématiser l’accompagnement des équipes d’éducateurs confrontés à la violence.

Par ailleurs, l’EPM de Lavaur touche à ses limites de 60 détenus, conviennent les intervenants.

Le directeur local de la PJJ, Michel Gellf, reconnaît que le climat est « très, très tendu ». Il envisage « un effet de contagion » qui aurait atteint Lavaur après Meyzieu et Marseille. A Meyzieu, un détenu de 16 ans avait pris en otage une éducatrice pendant plus de deux heures le 12 avril. A Marseille, quatre jeunes avaient agressé une surveillante avant de tenter de s’évader le 2 mai.

 

 

10 mai 2011

TF1 : Prison pour mineurs : le ras-le-bol du personnel

Les éducateurs des prisons pour mineurs ont manifesté leur ras-le bol mardi à Marseille et à Lavaur suite à une série d’agressions et d’insultes.

Après de nouvelles menaces et agressions contre le personnel durant la nuit de lundi à mardi, les éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de l’Etablissement pénintentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur, près de Toulouse, ont fait valoir leur droit de retrait pour la 3e journée consécutive. Ils craignent pour leur sécurité, a indiqué Bertrand Mappas, délégué de la CGT, très majoritaire chez le personnel PJJ de cet EPM. Le week-end passé, cet EPM avait déjà été secoué par des troubles confinant à la rébellion générale, selon les syndicats. Mardi, une équipe régionale d’intervention et de sécurité (ERIS), sorte de force de  réaction rapide en milieu carcéral, a de nouveau été appelée sur place, selon la CGT pour qui « la tension reste très vive ».

A Marseille, environ 70 personnes, selon les instigateurs, ont également bloqué mardi l’entrée de l’EPM à l’aide de palettes et de pneus. Pour eux, l’agression, le 2 mai, d’une surveillante d’une quarantaine d’années par quatre jeunes qui tentaient de s’évader a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a témoigné un de ses collègues, Frédéric Jouberjean. Le 12 avril, c’est à l’EPM de Meyzieu, dans le Rhône, qu’un détenu de 16 ans avait pris en otage une éducatrice pendant plus de deux heures.

Des faits révélateurs du climat ambiant dans les EPM

Pour les syndicats, ces faits sont révélateurs du climat régnant dans les EPM. Ouverts en 2007-2008, les EPM ont une capacité maximale de 60 prisonniers  (moins si on décompte les quelques lits destinés à l’accueil des nouveaux  arrivants). Encadrés par des dizaines de surveillants, agents de la PJJ et  enseignants, les jeunes sont supposés passer le moins de temps possible en  détention, et le plus possible en cours ou en activité collective pour préparer  leur retour à la société. Dans les faits, « les magistrats incarcèrent à tout-va, cela devient un centre pénitentiaire lambda », a dit à Marseille Laurent Germain, de l’Union fédérale autonome pénitentiaire, syndicat majoritaire au niveau national.
« L’EPM est un échec, il faut le reconnaître », a-t-il ajouté.

Les avis ne sont pas tous aussi tranchés. Mais les agents de la Pénitentiaire et de la PJJ s’émeuvent qu’on réunisse dans ces établissements des mineurs a priori réinsérables et d’autres jugés irrécupérables. A Marseille, le barrage a été levé à la mi-journée après une réunion avec la direction régionale de l’Administration pénitentiaire. « On nous a entendus, mais il n’y a pas trop de solution« , a dit M. Germain.

Europe 1 : Forte tension dans les prisons pour mineurs

 

Un nouvel incident a été enregistré à Lavaur. Les éducateurs ont fait valoir leur droit de retrait.

Après la prise d’otage de Meyzieu, dans le Rhône, et la récente tentative d’évasion de Marseille pendant laquelle une surveillante avait été blessée, les personnels des établissements pénitentiaires pour mineurs font entendre leur voix. A Lavaur, dans le Tarn, ‘Etablissement pénitentiaire pour Mineurs (EPM) a été le théâtre d’au moins une nouvelle agression dans la nuit de lundi à mardi.

Ça dégénère à Lavaur

Une surveillante a été la cible de jets de projectiles et de récipients remplis de liquide au cours d’une ronde, a rapporté la CGT qui soupçonne que l’un des seaux contenait de l’urine. Elle a également été visée par des insultes et des menaces sexuelles, ont indiqué Bertrand Mappas et Emmanuelle Tarissan, délégués syndicaux de la CGT-Protection judiciaire de la jeunesse.

Durant le week-end dernier déjà, des violences avaient eu lieu dans l’établissement de Lavaur : agression d’une cuisinière, cellules saccagées ou encore départs de feu. C’est un de ces mineurs, visé par une procédure criminelle, qui aurait déclenché les hostilités dimanche en jetant un seau sur une employée servant les repas. S’en est suivie une insurrection. Un détenu a tendu un piège au personnel de sécurité, en plaçant un matelas devant sa porte.

« Les surveillants, ne sachant pas ce qu’il se passait derrière, ont décidé de rentrer quand même et ils ont été pris à partie par ce jeune, avec des morceaux de verres et tout ce qui lui passait sous la main », a raconté à Europe 1 Mathieu Vasseur, représentant de l’Ufap. Il était de garde durant le week-end.

Il revient sur l’agression des surveillants par le jeune détenu :

« Les jeunes ont de moins en peur de la prison »

Selon ce représentant syndical, « les jeunes ont de moins en moins peur de la prison ». « Ce sont les premiers à dire que c’est le Club Med », estime-t-il. Malgré les alertes données à ses supérieurs, « rien ne bouge », regrette Mathieu Vasseur.

Et il ne semble pas être le seul à être désabusé. Sabrine, du syndicat FO pénitentiaire, dresse le même constat. « Aujourd’hui, il faut ‘reprofiler’. Il y a des mineurs qui ont besoin d’un système carcéral normal, qui ne rentrent pas du tout dans ce projet et qui mettent à mal le système poussant même les autres détenus à devenir comme eux », souligne-t-elle.

Droit de retrait des éducateurs

Mardi, les éducateurs qui travaillent à Lavaur ont fait valoir leur droit de retrait pour la troisième journée consécutive, par peur pour leur sécurité. Pour les syndicats de la Pénitentiaire et de la PJJ, l’EPM de Lavaur est en proie depuis quelques jours à des tensions révélatrices du climat régnant dans les six établissements de ce type ouverts en France depuis 2007-2008 pour accueillir des mineurs avec l’objectif de les réinsérer.

A Marseille, le personnel de la prison pour mineurs ont bloqué l’entrée de l’établissement mardi, une semaine après l’évasion ratée. Objectif : dénoncer des conditions de travail « de plus en plus difficiles ». C’est « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a témoigné Frédéric Jouberjean, l’un des collègues de la surveillante agressée.

Le CGT-PJJ a déposé pour cette semaine un préavis de grève reconductible à l’échelon national. Une semaine d’action avait déjà été organisée dans les six EPM français du 18 au 22 avril.

Le Nouvel Obs : Prison pour mineurs : le ras-de-bol des surveillants

Ils ont bloqué mardi l’accès du centre pénitentiaire de Marseille, une semaine après l’agression d’une des leurs. Un nouvel incident s’est produit la nuit dernière à l’EPM de Lavaur.

Des personnels de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Marseille ont bloqué l’entrée de la prison mardi matin, une semaine après l’agression d’une surveillante, pour dénoncer des conditions de travail « de plus en plus difficiles ».

Environ 70 personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées à partir de 6h, à l’appel notamment de l’Ufap (Union fédérale autonome pénitentiaire) et de la CGT-Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), empêchant l’accès à l’EPM à l’aide de palettes et de pneus. Le blocage devait être levé vers 9h.

L’agression, le 2 mai, d’une surveillante d’une quarantaine d’années par quatre jeunes qui tentaient de s’évader est « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a témoigné un de ses collègues, Frédéric Jouberjean.

Le secrétaire régional de l’Ufap pour la région Paca-Corse, Charles Margner, revient sur l’incident : « Quatre jeunes lui ont sauté dessus, l’ont rouée de coups, lui ont volé son trousseau de clés et son téléphone. Ils lui ont attaché les mains dans le dos avant d’aller ouvrir des cellules. Elle est traumatisée. »

« Ils incarcèrent à tout-va »

« Un EPM au départ, c’était un établissement de réinsertion. Là ils incarcèrent à tout-va, cela devient un centre pénitentiaire lambda. Tous les jours, les personnels, qu’ils soient de surveillance ou éducateurs, essuient des menaces, des insultes. L’EPM est un échec, il faut le reconnaître », a estimé Laurent Germain, secrétaire général de l’Ufap dans la région.

« Nous demandons la fin de la surpopulation pénale, nous demandons que les personnels puissent travailler dans des conditions dignes. Ils en ont ras-le bol ! », a-t-il poursuivi.

« A Marseille, les agressions de personnels sont quasi-quotidiennes, les insultes quotidiennes. Le personnel n’en peut plus » renchérit Charles Margner, qui dénonce notamment une trop grande permissivité : « Les détenus font ce qu’ils veulent. Ils bousculent et agressent les personnels, détruisent tout. Ça n’est plus possible. »

L’établissement, mis en service dans le sud-est de la ville en juillet 2007 et devant initialement « allier sécurité carcérale et éducation pour préparer la sortie et la réinsertion », peut accueillir jusqu’à 54 détenus âgés de 13 à 18 ans, une limite rarement respectée, selon les syndicats. « Au-delà de 45 jeunes, ça devient compliqué, mais certains EPM accueillent plus de 60 détenus » confirme le secrétaire général de la CGT-PJJ Alain Dru.

Des troubles confinant à la mutinerie

Plusieurs prisons pour mineurs ont fait parler d’elles récemment. A Meyzieu, dans le Rhône, un détenu de 16 ans avait pris en otage une éducatrice pendant plus de deux heures le 12 avril. Le week-end dernier, c’est l’EPM de Lavaur, dans le Tarn, qui a été le théâtre de troubles confinant à la mutinerie.

Dans la nuit de lundi à mardi, un nouvel incident s’est produit au sein de l’EPM de Lavaur. Lors d’une ronde, une surveillante a été la cible de jets de projectiles et seaux remplis de liquide, selon un représentant de la CGT soupçonnant ce liquide d’être de l’urine. Selon d’autres représentants syndicaux, elle a également été insultée et menacée sexuellement.

Préavis de grève reconductible

Le CGT-PJJ a déposé pour cette semaine un préavis de grève reconductible à l’échelon national. Une semaine d’action avait déjà été organisée dans les six EPM français du 18 au 22 avril.

Le syndicat réclame des discussions portant notamment sur la définition du statut et des missions des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse travaillant dans ces établissements aux côtés de surveillants de l’administration pénitentiaire. Il souhaite aussi une revalorisation de leur rémunération « puisque la dangerosité et la pénibilité sont des constantes ». « On veut être reçus par les deux directions : l’administration pénitentiaire et la PJJ » conclut Alain Dru.

 

 

11 mai 2011

 

Europe 1 : EPM de Lavaur : les éducateurs en grève

Les éducateurs intervenant dans la prison pour mineurs de Lavaur, dans le Tarn, se sont mis en grève mercredi pour protester contre le fonctionnement de cet établissement d’un nouveau genre où la tension persiste après une série d’incidents au cours des derniers jours, a indiqué la CGT.

Les personnels de la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ) ont mis en place un piquet de grève devant l’Établissement pénitentiaire pour Mineurs (EPM) et bloqué l’entrée des personnels n’ayant pas de mission de sécurité, a rapporté Bertrand Mappas, délégué de la CGT, très majoritaire chez les agents de la PJJ de cet EPM.

 

16 mai 2011

France 3 Midi-Pyrénées : Nouvelles tensions dans l’établissement

Un jeune a saccagé sa cellule cet après-midi. Un autre avait tenté de s’enfuir cette nuit.

Lundi 16 mai 2011. Les incidents se succèdent à la prison pour mineurs de Lavaur. Un jeune détenu a saccagé sa cellule cet après-midi. Cette nuit, un autre, multirécidiviste, avait tenté de s’enfuir en sciant les barreaux de sa cellule. Il a été évacué ce matin par le Groupement d’Intervention Régional (GIR).

 Deux épisodes de plus dans la série de tensions et de dysfonctionnements qui émaillent le quotidien de l’établissement depuis plusieurs semaines.
Ces nouveaux incidents rajoutent au ras-le-bol du personnel.
Ce matin, dès 7h00, les surveillants de la prison ont entamé un mouvement de protestation en installant un barrage devant la prison empêchant toute entrée et toute sortie. Après les éducateurs la semaine dernière, ils dénoncent à leur tour des locaux inadaptés aux détenus et à leur violence. Ils réclament aussi une modification de l’architecture des lieux et plus de sécurité et demandent avant l’été la tenue d’Etats Généraux de tous les EPM (établissements pour mineurs) de France. Les surveillants ont finalement levé leur mouvement ce soir et reprendront le travail normalement demain mais ils n’excluent pas de nouvelles actions dans les jours à venir.


Samedi  14 mai 2011. Visiblement, le déplacement à Lavaur du directeur national de l’Administration pénitentiaire et du directeur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse a porté ses fruits.

Suite à leur rencontre avec les éducateurs de l’EPM (Etablissement pénitentiaire pour mineurs), ces derniers ont décidé de suspendre leur mouvement de grève.
Il y aurait eu de réelles avancées, selon les délégués syndicaux. Jean-Louis Daumas, directeur de la PJJ, aurait notamment promis une réponse d’ici un mois sur leur principale revendication, à savoir la reconnaissance de la dangerosité du travail par des primes spécifiques.

Les surveillants de la prison, qui avaient décidé de rallier le mouvement lundi prochain, maintiennent quant à eux leur décision. Ils estiment n’avoir reçu aucune garantie de leur hiérarchie et mettront en place, comme prévu, un barrage filtrant aux abords de la prison vauréenne.

L’établissement pénitentiaire de Lavaur, qui figure parmi les six établissements de ce type existant en France depuis 2007, a été le théâtre de violences, ces dernières semaines. « Un état de quasi-rébellion » le week-end dernier, selon les syndicats.

Dans le même temps, un récent rapport sur les violences à l’encontre des personnels dans les EPM fait état du « manque de formation et d’expérience des éducateurs et surveillants des établissements pénitentiaires pour mineurs ». Lequel contribuerait aux différentes manifesations de violences des jeunes incarcérés. Le rapport souligne également une collaboration défaillante entre tous les intervenants, l’architecture inadaptée des établissements et les problèmes engendrés par le profil des mineurs emprisonnés.

Le Nouvel Obs : Prison pour mineurs : nouvel incident à Lavaur

Alors que les surveillants poursuivent leur mobilisation, un détenu a tenté de s’enfuir en écartant les barreaux de sa cellule, la nuit dernière, à l’établissement pénitentiaire pour mineurs du Tarn.

L’incident survenu dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 mai ne fait que conforter les surveillants de l’EPM (établissement pénitentiaire pour mineurs) de Lavaur (Tarn) dans leur mobilisation. Lundi matin, une cinquantaine de surveillants de cet EPM se sont réunis pour dénoncer le fonctionnement des EPM de manière générale, de leur structure en particulier.

« Comment un détenu peut-il écarter des barreaux d’acier ? »

« En fin de nuit, un détenu placé en quartier disciplinaire a réussi à écarter les barreaux de sa cellule » explique au Nouvel Observateur Laurens Maffre, secrétaire régional de l’Ufap-Unsa-justice, confirmant une information relayée par France 3. Selon le syndicaliste, le détenu pouvait « presque » passer à travers les barreaux. Si le détenu n’aurait sans doute pas pu s’échapper car sa cellule donnait sur une cour intérieure, c’est tout de même l’événement de trop pour l’Ufap-Unsa-justice.

Il semblerait que le détenu ait utilisé un outil de contorsion. « Peut-être a-t-il démonté une partie de la fenêtre » s’interroge Laurens Maffre, qui n’hésite pas à mettre en cause la qualité des infrastructures : « comment un détenu peut-il écarter des barreaux d’acier censés être solides ? » Il dénonce notamment les « limites de la structure en matière de sécurité. »

Lundi matin, ce jeune détenu condamné à une peine de 10 ans de prison a été transféré en urgence au quartier des mineurs de la prison de Perpignan. Lundi, toujours, de 7h à 15h, une cinquantaine de surveillants, et quelques éducateurs, selon Laurens Maffre, ont bloqué l’accès de l’EPM de Lavaur. « C’est notre seul moyen d’action car nous n’avons ni le droit de grève ni le droit de retrait » explique le surveillant.

« Il y a un trop-plein, une grande exaspération »

Au cœur des revendications : « le retour de la discipline à l’intérieur de l’établissement » demande Laurens Maffre. Pour lui, certains détenus « ultra-violents » ou ayant un profil comme celui qui vient de tenter de s’échapper « n’ont rien à faire » dans les EPM. Où les verrait-il ? « Dans les quartiers pour mineurs d’autres établissements ou dans des unités créées spécialement pour eux. » Il revient sur le quotidien du personnel de l’EPM : insultes, menaces de mort, violences. Et confie « un trop-plein, une grande exaspération ».

Vendredi dernier, surveillants et éducateurs de l’EPM de Lavaur ont été reçus par le directeur de l’administration pénitentiaire et celui de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse). « Ils nous ont dit avoir pris bonne note de nos revendications. On attend de voir » poursuit le syndicaliste. Le personnel de l’EPM de Quiévrechain (Nord) a prévu un mouvement de mobilisation lundi 23 mai. A Lavaur, « si rien ne bouge, on remettra ça. »

Le week-end des 7 et 8 mai, l’EPM de Lavaur a été le théâtre de nombreux incidents. Dans la nuit du lundi au mardi suivant, une surveillante a été victime d’une agression. Mardi dernier, toujours, le personnel de l’EPM de Marseille bloquait également l’entrée de l’établissement en protestation à l’agression particulièrement violente d’une surveillante, début mai.

19 mai 2011

 

Marianne 2 : Prison pour mineurs : la justice à la peine

Le gouvernement veut une nouvelle loi répressive contre la délinquance des mineurs. Pendant ce temps, des incidents se sont multipliés dans les établissements pénitentiaires pour mineurs. Comme si la fermeté affichée n’était qu’un effet d’annonce.

Prison pour mineurs mais incidents majeurs. Plusieurs établissements pénitentiaires pour mineurs ont connu des actes de violences ces dernières semaines. En avril, une éducatrice a été prise en otage par un détenu à l’EPM de Meyzieu. Une semaine nationale d’action a alors eu lieu dans les 7 EPM de France. Mais les incidents ont continué. A Marseille, il y a deux semaines, une surveillante a été agressée par quatre jeunes tentant de s ‘évader, les personnels se sont alors mis en grève. A Lavaur, les personnels ont repris lundi leur grève suite à une tentative d’évasion et au saccage d’une cellule par un détenu. Ils s’étaient déjà mis en grève la semaine dernière suite à une autre série d’agressions. Cet EPM s’était déjà mis en grève avant même son ouverture en 2007  face au manque de moyens. Les premières chaleurs arrivant, la sécurité ne risque pas de s’améliorer.

 

Créés sous la droite en 2002 et réservés aux détenus de 13 à 18 ans, les premiers EPM ont ouverts en 2007. Y travaillent à la fois des éducateurs et des surveillants de prison. Au 1er juillet 2010, 248 mineurs étaient détenus  dans ces EPM pour une capacité d’accueil de 326 places. A l’époque, il y avait deux principaux objectifs : créer des établissements plus répressifs que les centres éducatifs fermés  également lancés en 2002, et sortir les délinquants mineurs des prisons « classiques ». D’ailleurs, 383 places dans les quartiers pour mineurs ont été supprimées en parallèles à la création de ces EPM. Un cocktail explosif dénoncé par les syndicats puisque s’y croisent de jeunes voyous potentiellement réinsérables et de vrais caïds au casier très chargé. Au ministère de la Justice, joint par Marianne2, on annonce en réponse au mouvement la création d’un « groupe de travail avec des représentants de l’administration pénitentiaires, de la protection judiciaire de la jeunesse, de l’Education nationale et de la Santé » sur les EPM.

 

Et l’histoire des EPM avait mal commencé, avec un premier suicide à l’EPM de Meyzieu en 2008.  A l’époque des juges pour enfants refusaient carrément d’y envoyer des mineurs. Des pétitions ont circulé pour leur fermeture y voyant un « bagne pour enfants ». Leur création, après celle des CEF, vient d’une volonté de la droite depuis 2002 de durcir le traitement pénal de délinquance des mineurs. A ce titre, la réforme de l’ordonnance de 1945 est un serpent de mer dans le débat politique. D’ailleurs, la justice des mineurs va encore être réformée avec la loi actuellement en discussion au Sénat et qui crée un tribunal spécial pour les 16 à 18 ans récidivistes. La Loppsi avait prévu de son côté des peines-plancher pour les mineurs primo-délinquants mais cette mesure a été retoquée par le Conseil Constitutionnel.

Personnels inexpérimentés

La répression est donc de mise à droite. Mais dans les faits, elle veut se montrer dure mais ne s’en donne pas les moyens. Tout est effet d’annonce. La surpopulation carcérale est en la preuve. Au 1er mai, on comptait 64 584 détenus, un record historique, pour 56 150 places soit un taux de suroccupation de 115%. Le ministère de la Justice espère arriver à un potentiel de 70 000 places en 2018. Mais comment mener une vraie politique pénale dans un contexte de rigueur budgétaire ? La Justice française est déjà une des plus mal dotées d’Europe. Dans le même temps, la violence continue de monter. 

 

Les dispositifs lancés par la droite semblent donc peu efficaces. En novembre 2010, un rapport des Inspections des services pénitentiaires et de la Protection judiciaire de la Jeunesse  sur les violences en EPM, que Marianne2 a consulté, pointait déjà les dysfonctionnements dans ces établissements. Si les violences physiques ont baissé globalement de 1,2% entre 2009 et 2010, le rapport note des disparités, l’EPM de Lavaur, par exemple, a connu une hausse de 15,5% des actes de violences avec une hausse de 17% des mineures détenus. Le rapport note également que 67% des victimes de violences physiques sont des personnels des EPM.

 

Mais plusieurs ratés subsistent encore. Notamment la trop grande inexpérience des personnels des EPM. « Plusieurs établissements souffrent de façon chronique d’une instabilité des équipes pénitentiaires et éducatives et de l’affectation systématique de jeunes professionnels inexpérimentés sortant de formation, parfois insuffisamment motivés pour travailler auprès des mineurs », écrivent les rapporteurs. Ces derniers sont très clairs sur ce point : « Pour les inspections, plus qu’aucun autre, ces éléments semblent très étroitement corrélés avec le nombre de violences repérées dans ces établissements ». Le rapport pointe également les différences d’approches entre éducateurs (qui relèvent de la Protection judiciaire de la jeunesse) et les gardiens (qui relèvent de l’administration pénitentiaire, comme ceux des prisons classiques) sur les réponses à apporter en cas d’indisciplines. Le mélange entre répression et éducation prôné par la droite connaît des ratés. 

Mineurs en tôle, justice en carton

Le ministère de la Justice affirme lui « travailler sur les recommandations du rapport » notamment sur des « sessions de formations communes » entre éducateurs et gardiens et une « vigilance sur les mineurs affectés en EPM ». Mais pas d’annonces sur l’encadrement et le niveau d’expérience des personnels. La situation des EPM est en contraste avec un discours politique qui dénonce une jeunesse de plus en plus violente mais qui peine à mettre en place une dispositif pénitentiaire pour mineurs digne de ce nom. 

 

Le rapport du Contrôleur général des prisons remis récemment au chef de l’Etat pointe lui aussi les dysfonctionnements des EPM. Il dénonce notamment les pratiques de l’administration pénitentiaire qui fait passer les mineurs des EPM aux quartiers pour mineurs des prisons au gré de leur comportement des intéressés empêchant ainsi tout travail sur le fond. « Elles privent les EPM, devenus éléments d’un ensemble commun regroupant tous les établissements pénitentiaires, d’une partie de leur spécificité, puisqu’on peut en partir ou y accéder, non sur le fondement d’un projet établi, mais au gré des manifestations des uns et des autres », écrit le Contrôleur. On se contente d’évacuer les problèmes au lieu de les régler laissant les quartiers pour mineurs, qui n’avaient pas besoin de ça, gérer les casLe ministère de la Justice affirme lui « travailler sur les recommandations du rapport » notamment sur des « sessions de formations communes » entre éducateurs et gardiens et une « vigilance sur les mineurs affectés en EPM ». Mais pas d’annonces sur l’encadrement et le niveau d’expérience des personnels. La situation des EPM est en contraste avec un discours politique qui dénonce une jeunesse de plus en plus violente mais qui peine à mettre en place une dispositif pénitentiaire pour mineurs digne de ce nom. 

 

Le rapport du Contrôleur général des prisons remis récemment au chef de l’Etat pointe lui aussi les dysfonctionnements des EPM. Il dénonce notamment les pratiques de l’administration pénitentiaire qui fait passer les mineurs des EPM aux quartiers pour mineurs des prisons au gré de leur comportement des intéressés empêchant ainsi tout travail sur le fond. « Elles privent les EPM, devenus éléments d’un ensemble commun regroupant tous les établissements pénitentiaires, d’une partie de leur spécificité, puisqu’on peut en partir ou y accéder, non sur le fondement d’un projet établi, mais au gré des manifestations des uns et des autres », écrit le Contrôleur. On se contente d’évacuer les problèmes au lieu de les régler laissant les quartiers pour mineurs, qui n’avaient pas besoin de ça, gérer les cas plus difficiles. Sarkozy voulait mettre des mineurs en tôle, il a fait une justice en carton.

 

 

23 mai 2011

France 3 Midi-Pyrénées : Nouvelle mobilisation à l’EPM de Lavaur

 Les personnels sont déçus par les promesses non-tenues.

Prison: mobilisation des personnels de l’établissement pour mineurs de Lavaur

Des personnels des établissements pour mineurs (EPM) se sont réunis lundi à Lavaur à

l’appel de la CGT et FO dans le cadre d’un mouvement national pour réclamer la « concrétisation » de mesures sur les conditions de travail obtenues lors de précédentes mobilisations.

Des rassemblements se sont tenus devant les EPM de Lavaur (Tarn), de Porcheville (Yvelines)et Quièvrechain (Nord), selon les syndicats.

« Il faut absolument que les deux directions – l’Administration pénitentiaire et la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) – respectent leurs engagements pour mettre en place un fonctionnement où tout le monde aille dans le même sens et permette une prise en charge de qualité pour les mineurs », a estimé Céline Verzeletti, secrétaire générale de la CGT-Pénitentiaire.

« Il y a aussi la question des moyens : nous demandons un recrutement suffisant et le respect du numerus clausus dans les EPM », a-t-elle ajouté.

Une série d’incidents dans les EPM au cours des dernières semaines, notamment à Lavaur (Tarn), en proie début mai à une quasi-rébellion, selon les syndicats, avait provoqué un mouvement de protestation des surveillants et des éducateurs.

Le directeur de l’Administration pénitentiaire Jean-Amédée Lathoud et le directeur de la Protection judiciaire de la jeunesse Jean-Louis Daumas avaient décidé le 13 mai la « création de sessions de formations communes  d’adaptation à la prise de poste en EPM destinées aux surveillants et aux éducateurs ».

Les EPM, ouverts en 2007-2008 et devant « allier sécurité carcérale et éducation pour préparer la sortie et la réinsertion », ont une capacité de 60 détenus chacun, de 13 à 18 ans.

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